Le chevalier Gédéon Desilets (1845-1922) fut zouave pontifical, journaliste, propriétaire du Journal des Trois-Rivières et syndic des Franciscains de Trois-Rivières.
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Fils de François Desilets et de Marguerite Hébert, Gédéon Desilets naquit à Saint-Grégoire-de-Nicolet le 4 juillet 1845. Le 19 février 1868, il faisait partie du premier contingent composé de 133 "soldats du Christ" volontaires à s'embarquer pour Rome comme zouaves pontificaux. Après avoir été fait prisonnier, il revint au pays à l'hiver de 1871. À son retour, il devint journaliste ultramontain: à partir du 15 février 1872 jusqu'au 19 mars 1891, Gédéon Desilets fut propriétaire ou co-propriétaire et rédacteur du Journal des Trois-Rivières (fondé le 19 mai 1865 par Honoré R. Dufresne).
Gédéon Desilets déménagea son journal sur la rue Saint-Antoine le 1er octobre 1875 et s'adjoignit ses deux frères, le notaire Petrus Désilets et l'avocat Alfred Desilets en 1876. Le 8 mai 1879, les Desilets déménagèrent à nouveau le Journal, dans un édifice de pierre à l'angle des rues Notre-Dame et Bonaventure. L'année suivante (1880), Alfred et Petrus se retirèrent et laissèrent Gédéon seul propriétaire. Après le départ de Gédéon Desilets, en mars 1891, L.-P. Guillet et F.-X. Duval tentèrent en quelques numéros de donner un nouveau souffle au Journal. En vain. Sous la direction des Desilets, soumis aux directives de l'évêque de Trois-Rivières, Mgr Louis-François Laflèche, et surnommés les "champions du catholicisme intégral" ou "les pieux éditeurs", le Journal des Trois-Rivières fut franchement un journal conservateur. Ses adversaires l'appelaient "la sainte boutique".
Par la suite (après mars 1891), Gédéon Desilets fut inspecteur des postes, puis courtier d'assurances. Il décéda le 2 novembre 1922 et ses funérailles furent célébrées le 4 novembre 1922 dans l'église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses de Trois-Rivières. Il avait épousé Adèla-Lumina Larue le 18 août 1875, avec qui il eut trois enfants.
Fondé en 1867 et composé à l'origine uniquement de Québécois catholiques, le mouvement zouave canadien fut un regroupement para-militaire et bénévole qui avait pour but d'aller défendre le pape Pie IX contre les troupes de Garibaldi. Parmi les 502 ou 503 zouaves canadiens enrôlés entre 1868 et 1870, 388 se rendirent en Italie pour combattre, dont Gédéon Desilets qui fut parmi les tout premiers à s'engager. Ils revinrent tous au pays sains et saufs. Au lieu de dissoudre le régiment, leurs officiers décidèrent de le conserver et de mettre ces soldats volontaires au service des paroisses. Un siècle plus tard, en 1967, les zouaves étaient trois fois plus nombreux qu'à l'origine: au Québec et en Ontario, on en comptait 1500 actifs (un régiment, 5 bataillons, 30 compagnies). En 1968, Marcel Carrière leur consacra un film produit par l'Office national du film du Canada (35 mm, couleurs, 27 minutes 33 secondes). Ce mouvement a oeuvré jusqu'à 1993. Selon l'historien René Hardy, 44 zouaves furent nommés chevaliers ou commandeurs des ordres de Pie IX et de Saint-Grégoire le Grand entre 1868 et 1930. Le titre de "chevalier" inscrit sur une plaque commémorative de Gédéon Desilets réfère sans doute à l'un de ces ordres. Notons enfin que Desilets fut le donateur d'une réplique miniature du navire Idaho offerte comme ex-voto, suspendu à la voûte de la chapelle Notre-Dame-de- Bon-Secours à Montréal, pour souligner la protection mariale lors de la tempête en mer au retour de Rome en 1871.