Voir aussi Gouvernement Duplessis
En 1917, la Révolution bolchevique en Russie permit l'instauration d'un régime communiste dans l'ancien empire devenu l'Union soviétique. Les communistes se donnèrent pour mission de répandre la révolution partout à travers le monde. Le communisme devint une menace pour le monde libre.
Le Québec et l'Église catholique n'échappèrent pas à ce courant. L'époque de Duplessis fut caractérisée par une montée de l'anticommunisme. En 1937, le Parlement de Québec adopta la Loi du cadenas contre la propagande communiste. Cette loi, qui reçut l'approbation des évêques et l'assentiment de plusieurs associations nationalistes, permettait à la police de cadenasser les locaux que l'on soupçonnait être des lieux de propagande communiste ou bolchevique. Or, ces deux mots n'étant pas définis dans la loi, le gouvernement Duplessis put en donner un sens très arbitraire et atteindre les dissidents religieux, comme les Témoins de Jéhovah, les syndicalistes et même les partis politiques comme le Parti communiste (qui apparaissait à l'époque comme la principale organisation politique ouvrière à Montréal) et la CCF. Pour la seule période du 9 novembre 1937 au 10 mai 1938, la Sûreté provinciale du Québec effectua 124 descentes en vertu de cette loi. Par exemple, le 16 février 1948, le directeur-adjoint de la Sûreté provinciale, Hilaire Beauregard, fit cadenasser les locaux du journal Combat et du Parti ouvrier progressiste, au 263 rue Sainte-Catherine à Montréal.
La fin de la Deuxième Guerre mondiale vit tomber, les uns après les autres, les gouvernements des pays "libérés" par l'Union soviétique pour être remplacés par des régimes communistes: en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie, etc. Une partie de l'Allemagne fut occupée par les Soviétiques et, en octobre 1956, les chars russes envahirent la Hongrie. En cette époque de "guerre froide" entre le bloc de l'Est et les pays occidentaux, la lutte contre l'expansion du communisme et la crainte d'une attaque nucléaire étaient parmi les préoccupations majeures du monde libre. Tous les communistes furent excommuniés par décret du Saint-Office de Rome le 1er juillet 1949.
Aux États-Unis, le sénateur républicain du Wisconsin, Joseph MacCarthy, anima une vague anticommuniste qui déferla sur tout le pays comme une véritable hystérie. La chasse aux sorcières s'abattit sur les syndicats, certaines personnalités politiques, des intellectuels progressistes soupçonnés de sympathies communistes, socialistes ou gauchistes, et jusque dans l'armée. C'est l'époque où le couple Rosenberg, accusé d'espionnage, fut mis à mort sur la chaise électrique, tandis qu'en Corée, le général McArthur lançait ses troupes contre les armées communistes chinoises et nord-coréennes.
Au Québec, la lutte au communisme, bien entretenue par le clergé, la presse, le cinéma, les conférences publiques, devint une véritable phobie, une obsession. On voyait des communistes partout! Tout ce qui n'était pas catholique était suspect, dangereux, subversif. Ce fut le cas des Témoins de Jéhovah; ce fut le cas des syndicats "non catholiques" et de toutes les associations qui échappaient au contrôle de l'Église et de ses mandataires, les aumôniers. L'archevêque de Sherbrooke, Mgr Georges Cabana, par exemple, écrivit à Maurice Duplessis en 1959: "Les communistes, comme vous le savez, cherchent à corrompre notre population, et surtout notre jeunesse. Je suis porté à croire qu'ils encouragent, ici comme en Amérique du Sud, la propagande de certaines sectes protestantes et des Témoins de Jéhovah".