Pierre BOUCHER

Pierre Boucher fut gouverneur de Trois-Rivières de 1653 à 1658 et de 1662 à 1667.

Fils de Gaspard Boucher et de Nicole Lemer (ou Lemaire), Pierre Boucher naquit à Mortagne dans le Perche (Normandie) en 1622 et arriva au Canada avec sa famille en 1635. Deux ans plus tard, âgé de seulement 15 ans, il commença à voyager à travers la Nouvelle-France jusqu'aux Grands Lacs, à titre d'engagé des missionnaires jésuites Paul LeJeune et Jean de Brébeuf. Durant ces voyages, il apprit les langues des Hurons, des Algonquins, des Montagnais et des Iroquois, ce qui lui permit de devenir bon interprète ou truchement vers 1640. Au printemps de 1642, le gouverneur Charles Huault de Montmagny (1636-1648) l'enrôla comme soldat, interprète et émissaire, et l'envoya avec Maisonneuve fonder l'établissement de Ville-Marie (Montréal). Puis, en 1644, Boucher s'établit à Trois-Rivières à titre d'interprète officiel et de commis du fort.

Nommé capitaine du bourg de Trois-Rivières en 1650, le gouverneur Louis d'Ailleboust de Coulonge et d'Argentenay, lieutenant-général pour le roi en Nouvelle-France, l'autorisa à distribuer des emplacements hors de la vieille palissade du fort.

Trois ans plus tard, en 1653, à la tête de 46 Trifluviens, Boucher dut défendre la ville lorsqu'elle fut assiégée par près de 600 Iroquois, de juin jusqu'à la fin août. Cette année-là, Pierre Boucher devint gouverneur de Trois-Rivières.

Le 20 octobre 1655, Pierre Boucher se fit concéder l'île Saint-Joseph en fief noble. En 1663, le titulaire y possédait une habitation et l'île était exploitée entièrement par Sébastien Provencher, un fermier de Pierre Boucher, mais il n'y avait pas de censitaire. Cette annnée-là (1663), Boucher possédait aussi:
- trois emplacements de la censive urbaine de Trois-Rivières situés:
- l'un du côté sud-ouest de l'actuelle rue des Forges (en face de la seigneurie des Jésuites), entre la terre du
Sablé (au nord) et la rue Notre-Dame (au sud);
- l'un en front sur la rue Notre-Dame et contigu à la Commune,
- l'autre près du fleuve, contigu à la terre de la Briquetterie (au nord-est) et à l'emplacement de René Robineau
de Bécancour (au sud-ouest)
(ces deux emplacements de Boucher étaient soumis à un cens, l'un de 3 deniers et l'autre de 6 deniers).
- une terre de 3 arpents de front sur la rivière Saint-Maurice, l'une des onze terres en amont de la rivière.

Le 9 mars 1656, Pierre Boucher se fit concéder un arrière-fief de 672 arpents (situé dans l'actuel secteur Sainte-Marthe-du-Cap) par Jacques de La Ferté, abbé de Sainte-Marie-Madeleine de Châteaudun, chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris et aumônier du roi Louis XIII. C'est dans cet arrière-fief Sainte-Marie que se retira Boucher l'année suivante. La chapelle Sainte-Marie-Madeleine construite par Boucher en 1659 fut transportée à la rivière Faverel (surnommée aujourd'hui ruisseau du Sanctuaire), sur un domaine des Jésuites, en 1661. Deux ans plus tard, le fort Sainte-Marie était bâti à un quart de lieue (21 arpents) de la rivière Faverel. Bourg avec bastion, le fort était une petite agglomération d'une vingtaine de personnes (environ trois familles), et comprenait divers bâtiments dont une maison dite «L'ermitage».

(suite de la fiche précédente)

En juin 1663, Pierre Boucher était l'un des 48 emplacitaires dans le bourg de Trois-Rivières; il accaparait cinq emplacements à lui seul, soit 1 603 toises (9,7% de la superficie urbaine). Il était aussi l'un des 10 seigneurs en titre à Trois-Rivières (c'est-à-dire des seigneurs qui y détenaient des droits de suzerain), puisqu'il était seigneur de l'île Saint-Joseph.

Juge royal, conseiller du roi, Pierre Boucher représenta la colonie auprès du roi en 1661-1662. À son retour, il rédigea un court ouvrage de 168 pages intitulé Histoire véritable et naturelle des moeurs et productions du pays de la Nouvelle-France vulgairement dite le Canada. Imprimé et publié en 1664 par Florentin Lambert, rue Saint-Jacques à Paris, l'ouvrage était destiné à faire connaître le pays aux Français désireux d'émigrer en Nouvelle-France. Puis, en 1667, Boucher alla s'établir dans sa nouvelle seigneurie des îles Percées (future ville de Boucherville), en face de Montréal, où il décéda le 19 avril 1717 à l'âge de 95 ans.

Pierre Boucher avait un frère, Nicolas, et trois soeurs: Marie, Marguerite et Madeleine. En 1649, il contracta une première union avec une Huronne, Marie Ouebadinskoue (Marie-Madeleine Chrestienne), morte l'année suivante en même temps que son enfant. En 1652, il contracta un second mariage avec Jeanne Crevier (fille de Christophe Crevier dit La Meslée et de Jeanne Enard) qui lui donna 15 enfants dont Marie, épouse de René Gaultier de Varennes et mère de Pierre Gaultier de Varennes et de LaVérendrye.

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Le Musée Pierre-Boucher, situé dans le Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, sur la rue Laviolette, rappelle la mémoire de l'illustre gouverneur de Trois-Rivières. Fondé en 1920 par l'abbé Albert Tessier et connu d'abord sous le nom de Musée du Séminaire, le musée prit le nom de Pierre-Boucher lors de son inauguration officielle, le 17 juillet 1934. À cette occasion, on dévoila un buste de Boucher, oeuvre du sculpteur Alfred Laliberté, en présence de Montarville Boucher de La Bruère, descendant de Pierre Boucher.

DateEnviron 1650
CollectionEncyclopédie Trifluviana
Source Fastes trifluviens: tableaux d'histoire trifluvienne sous le Régime français, Société Saint-Jean-Baptiste de Trois-Rivières, 1931, p. 31-33. (TRI 971.445 F251). Hélène GÉLINAS, Daniel ROBERT, Louise VERREAULT-ROY et René VERRETTE, Inventaire des plaques et monuments commémoratifs, suivi d'un relevé des lieux-dits et des toponymes trifluviens, Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières, juillet 1994, p. 15 et 16. (TRI 971.4451 I62). Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 11, juin 2001, p. 19 et 23. Daniel ROBERT, "Les parcs et lieux publics de Trois-Rivières, XVIIe-XXe siècles", dans: Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 6, mai 1996, p. 3. Daniel ROBERT, "Le domaine des Ursulines de Trois-Rivières et l'espace urbain, XVIIe-XXe siècles", dans: Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 7, juin 1997, p. 4, 6-7, 9 et 11. Daniel ROBERT, "Le patrimoine religieux de Trois-Rivières", dans: Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 8, juin 1998, p. 5. Daniel ROBERT, "La vie culturelle trifluvienne, XVIIe-XXe siècles", dans: Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 10, août 2000, p. 18. Daniel ROBERT, "Le patrimoine industriel et manufacturier de Trois-Rivières, XVIIe-XXe siècles", dans: Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 12, juin 2002, p. 6 et 19.

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