Thomas GODEFROY de Normanville

Les frères Thomas Godefroy de Normanville et Jean Godefroy de Linctot, né en 1608, arrivèrent de Rouen (Normandie) en 1626; ils avaient 16 et 18 ans. Lors de la prise de Québec en 1629, ils demeurèrent chez les Hurons et les Algonquins et apprirent les langues avec facilité. Tous deux furent interprètes de Samuel de Champlain.

Dès le retour de Champlain, Jean Godefroy de Linctot reçut une seigneurie à Trois-Rivières: le fief Godefroy, le 3 décembre 1633, et s'y établit, ainsi que son frère Thomas et, plus tard, leur cousin Jean-Paul.

Thomas Godefroy de Normanville, qui resta célibataire, s'établit à Trois-Rivières dès sa fondation en 1634. Il posséda aussi une terre à Montréal. Il semble avoir été constamment en voyage, soit avec les missionnaires, soit avec les fondateurs de la colonie.

Comme son ami François Marguerie, Thomas Godefroy était un homme d'une endurance, d'une vigueur et d'une force peu communes. Capturés par les Iroquois en janvier 1641 et entraîné dans les cinq cantons, tous deux furent libérés (échangés en avril contre des captifs iroquois) après de dures négociations conduites par Jean Nicollet et le père Ragueneau.

En 1644, de Normanville possédait une terre près du coteau des Pères (coteau Saint-Louis); cette terre était située au nord-est d'une terre de 50 arpents (5 arpents de front sur 10 de profondeur) concédée à François Marguerie.

Thomas Godefroy de Normanville fut repris à nouveau par les Iroquois en 1648, lors d'un combat près de Montréal, et il fut échangé le lendemain.

Pour exercer plus d'influence sur les jeunes Amérindiens, lors de ses séjours forcés chez les Iroquois, il participait volontiers à des compétitions de course, de rame, et à tous les exercices du corps. Ses victoires impressionnaient les Autochtones qui avaient beaucoup de considération pour la force physique et l'adresse du chasseur et du canotier.

En 1651, il servit de compagnon au père Jacques Buteux vers le Haut Saint-Maurice. L'année suivante (1652), il participa à la sortie du gouverneur de Trois-Rivières, Duplessis-Kerbodot, avec 50 Français et 12 Amérindiens, pour aller venger le massacre de quatre colons. Le gouverneur perdit la vie, ainsi qu'une vingtaine d'hommes. Thomas Godefroy fut pris et on ne le revit jamais. Il fut torturé et brûlé par les Iroquois.

En 1658, le roi Louis XIV accorda des lettres de noblesse Jean Godefroy de Linctot qui faisaient mention de ses services, de ceux de ses frères et de ses enfants.

La rivière Godefroy, près du lac Saint-Paul, sur la rive sud de Trois-Rivières, évoque le souvenir de la famille Godefroy. De la lignée des Normanville sortirent les Godefroy de Tonnancour, seigneurs de Pointe-du-Lac.

Vers 1700, les Ursulines de Trois-Rivières possédaient une terre de 40 arpents de superficie dont la moitié labourable et l'autre moitié "en sapinière", était située "le long de la rivière des Trois-Rivières", au nord-est de la précédente; elle avait pour voisins Lemaître (au sud-est) et Pierre Pépin dit Laforce (au nord-ouest). Cette terre fut d'abord concédée par la Compagnie de la Nouvelle-France à Thomas Godefroy de Normanville, le 29 mars 1649, à charge de 6 deniers de cens par arpent, "le dit cens portant lods et ventes, saisine et amende suivant la Coutume de Paris". Puis elle passa à son héritière, Marie LeNeuf (Veuve Jean Godefroy de Linctot), qui la vendit ensuite à Jean-Baptiste Poulin de Courval. Enfin, le 6 septembre 1700, Poulin de Courval, agissant comme tuteur des demoiselles Marguerite, Marie-Madeleine et Charlotte Cressé, la transporta aux Ursulines.

DateEnviron 1641
CollectionEncyclopédie Trifluviana
Source Pierre CÉCIL, "Trois-Rivières et sa région. Pépinière d'explorateurs, d'aventuriers et de héros", dans Le Nouveau Mauricien, 1ère partie, vol. 6, no 1 (juin 2000), p. 18-19 et 2e partie, vol 6, no 2 (décembre 2000), p. 14-17. Daniel ROBERT, "Le domaine des Ursulines de Trois-Rivières et l'espace urbain, XVIIe-XXe siècles", dans: Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 7, juin 1997, p. 9 et 13. Patrimoine trifluvien (bulletin annuel d'histoire de la Société de conservation et d'animation du patrimoine de Trois-Rivières), no 11, juin 2001, p. 17.

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