Voir aussi Troc, Marchandises de traite
En 1748, la Hudson's Bay Company demandait 12 peaux de castor pour un fusil de 4 pieds de longueur, 11 peaux pour un fusil de trois pieds et demi, et 10 peaux pour un fusil de trois pieds.
Sous le Régime anglais, la Hudson's Bay Company remplaça peu à peu le troc par un système de compteurs qui jouaient le rôle de jetons échangeables ou de pièces de monnaie. On parlait alors de "pelu" ou de "made beaver" pour établir la valeur marchande de chaque article. Le pelu, qui servait d'étalon monétaire ou de monnaie de compte, correspondait généralement à une peau de castor adulte de première qualité. Dans certaines régions cependant, comme dans le nord du Québec et sur la Terre de Baffin (laquelle doit son nom à l'explorateur anglais William Baffin, en 1616), on adopta la peau de renard arctique comme étalon. Il fallait souvent plusieurs peaux pour égaler la valeur d'un pelu. Ainsi, un plein canot de pelleteries pouvait être évalué à 400, 500 ou 600 pelus.
Ces compteurs prirent diverses formes: disques d'ivoire, de pierre, d'os ou de bois, bâtons en chêne, pennes d'oiseau, balles de mousquet. Au début du XIXe siècle, la Hudson's Bay Company et la North West Company les remplacèrent par des jetons de cuivre, de plomb ou de laiton portant l'estampille de leur valeur ou de différentes tailles et formes correspondant à différentes sortes de peaux. Vers 1860, on trouvait, par exemple, des jetons d'un pelu, un demi-pelu, un quart de pelu et un huitième de pelu. Peu après, on commença à libeller ces jetons en dollars et cents.
Après avoir apporté et fait évaluer ses fourrures au comptoir de traite, le chasseur ou trappeur amérindien recevait un tas de jetons qu'il pouvait aller échanger contre des marchandises au magasin de la Hudson's Bay Company. Établis de la baie d'Hudson à l'océan Pacifique, ces magasins furent, en quelque sorte, à l'origine de la chaîne de magasins à rayons La Baie.
Les jetons furent utilisés jusqu'en 1928 alors qu'ils furent retirés de la circulation par le gouverneur de la Hudson's Bay Company.
La véritable pénétration de l'arrière-pays mauricien ne débuta qu'après la Conquête anglaise, lorsque de grandes compagnies, comme la Hudson's Bay Company et la North West Company, ouvrirent successivement des comptoirs à Rivière-aux-Rats, Vermillon, Weymontachie, La Tuque, Coucoucache, Obedjiwan, Kikendatch, Manouane.
La Hudson's Bay Company allait perdurer en Haute-Mauricie jusqu'au tournant du XXe siècle, alors que d'autres activités - en opposition, par leur nature destructrice et envahissante, à une économie de trappe et de chasse - se mirent en place: exploitation forestière, construction de chemin de fer, érection de barrages hydroélectriques. Pour les Atikamekw, c'était le début d'une autre période difficile.