Maurice L.-DUPLESSIS

Maurice LeNoblet-Duplessis fut député de Trois-Rivières à l'Assemblée législative du Québec à partir de 1927 et premier ministre du Québec du 26 août 1936 au 8 novembre 1939 et du 30 août 1944 jusqu'à son décès à Schefferville, le 7 septembre 1959 à l'âge de 69 ans et 4 mois. Ses funérailles eurent lieu en la cathédrale L'Assomption de Trois-Rivières le 10 septembre 1959. Son corps est inhumé dans le cimetière Saint-Louis (boulevard des Forges) à Trois-Rivières.
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Fondateur de l'Union nationale en 1936 et surnommé "le Chef", Maurice LeNoblet-Duplessis fut l'une des figures dominantes de la scène politique canadienne durant près d'un quart de siècle. L'historien Conrad Black a écrit à ce sujet: "L'Union nationale en vint à incarner le Québec traditionnel, et Maurice Duplessis incarnait l'Union nationale". Duplessis lui-même se plaisait à dire: "Quelqu'un prendra ma place, mais vous ne me remplacerez jamais!"

Son gouvernement a été marqué par de multiples controverses. Mais c'est surtout par son nationalisme virulent et ses luttes incessantes contre les tendances centralisatrices du gouvernement fédéral, et ses actes d'ingérence dans les domaines de juridiction provinciale, que Duplessis se distingua des autres premiers ministres qui le précédèrent. Défenseur opiniâtre de la nation canadienne-française, il mena un combat inéluctable pour "l'autonomie provinciale". Sa devise, inscrite sur le monument qui se trouve dans le jardin du manoir Boucher de Niverville, à Trois-Rivières, résume toute sa vision politique: "Coopération toujours, assimilation jamais".

Maurice Duplessis et ses proches collaborateurs, tel Joseph-Damase Bégin, furent de remarquables stratèges politiques. C'est en adoptant le programme de l'Action libérale nationale que Duplessis élimina un parti de l'arène politique et qu'il devint l'alternative au Parti libéral en 1936. C'est en faisant imprimer le Catéchisme des électeurs que Duplessis fournit des réponses toutes faites à ses partisans et expliqua d'une façon simple et facile à comprendre son programme électoral aux indécis. Peut-être même s'assura-y-il des milliers de votes à l'élection de 1948 en adoptant par décret, sans débat, le fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec ?

Adulé par les uns, honni par les autres, Maurice Duplessis a toujours été sujet de controverse, de polémique. De son vivant, et depuis sa mort, il a été à la fois l'objet de louanges et la cible de critiques sévères. "Pour ses ennemis, Maurice Duplessis était l'Antéchrist; aux yeux de ses amis, il faisait figure de Messie" (Leslie Roberts).

En 1999, à l'occasion de l'Événement Duplessis organisé par la Ville de Trois-Rivières, le journaliste Jean-Marc Beaudoin ajoutait encore: "Parler de Duplessis, c'est depuis 40 ans comme de parler du Diable en personne" (Le Nouvelliste, 8 avril 1999, p. 5). Dans un éditorial titré "Duplessis sorti des boules à mites" (Le Nouvelliste,13 juin 1998, p. 10), Ginette Gagnon écrivait de son côté:
"Certains l'ont adoré et un noyau de fidèles, particulièrement à Trois-Rivières,
continuent d'en chérir son souvenir. D'autres, par contre, surtout chez les
intellectuels du temps, l'ont pourfendu et lui ont attribué tous les torts de sa
génération. Qu'en est-il exactement?"
À cet égard, elle écrivait encore:
"L'ancien premier ministre est disparu depuis assez longtemps maintenant
pour qu'on puisse se permettre de jeter un regard neuf sur son empreinte avec
un peu plus d'objectivité".

En somme, qu'on l'admire ou qu'on le déteste, qu'on le glorifie ou qu'on le condamne, il faut néanmoins reconnaître que Duplessis - qu'on le veuille ou non - fait partie de notre histoire, au même titre que la Conquête anglaise en 1760, l'insurrection des Patriotes en 1837-1838, la pendaison de Louis Riel en 1885 ou, encore, le massacre des soldats canadiens sur la plage de Dieppe en 1942.
"C'est comme si une chape de plomb avait été installée sur cette époque
pour l'écraser, l'occulter, l'ostraciser, la faire disparaître à tout jamais, l'extirper
de la mémoire collective" (Jean-Marc Beaudoin, loc.cit.).

On ne peut pas continuer à tenter d'éradiquer toute une période de notre parcours historique sous prétexte qu'il s'agit d'une période plus ou moins "sombre", plus ou moins "glorieuse", sous prétexte que la société québécoise à l'époque de Duplessis n'a pas été ce que l'on voudrait aujourd'hui qu'elle fusse.

Le rôle de l'histoire est d'expliquer le passé - autant que faire se peut - pour comprendre le présent. Il ne s'agit donc pas de béatifier Duplessis ou de faire l'éloge du duplessisme, ni, au contraire, de dénigrer et démolir Duplessis, le duplessisme et l'Union nationale. Il est difficile de rendre justice à un homme de 1936 ou de 1959 sans le juger comme s'il avait vécu en 1970 ou en 1999. Il est difficile de faire le "procès" d'un homme, d'un parti politique et de toute une époque en évitant d'observer à travers nos propres valeurs, en évitant de tomber dans le piège que nous tendent nos conceptions actuelles de la politique et de la société.

Quel a été le rôle de Duplessis à Trois-Rivières? quelles sont ses réalisations? A-t-il fait mieux ou a-t-il fait pire, comme on tente de nous le faire croire depuis 40 ans?

Maurice Le Noblet-Duplessis naquit le 20 avril 1890. Il était le second d'une famille de cinq enfants. Son père, Louis-Théodule-Nérée, était issu d'une famille paysanne et pratiquait le droit à Trois-Rivières. Il avait été député conservateur du comté de Saint-Maurice à l'Assemblée législative du Québec durant 14 ans (1886-1900) et, suivant le vœu de l'évêque de Trois-Rivières, Mgr Louis-François Laflèche, il avait combattu un projet d'abolition du Conseil législatif. Louis-Théodule-Nérée avait aussi été maire de Trois-Rivières durant un an (1904-1905) avant d'être nommé juge à la Cour supérieure en 1914; il décéda du diabète à l'Hôtel-Dieu de Montréal le 23 juin 1926. Sa mère, Marie-Catherine-Camille-Berthe Genest, était la fille d'un fonctionnaire de la Ville de Trois-Rivières; elle décéda en 1921. Outre le père, la mère et le fils Maurice, la famille Duplessis comptait aussi quatre filles: Jeanne (mariée à Henri-Arthur Balcer), Marguerite (mariée à Robert F. Grant en 1924), Étiennette (mariée en 1923 à Édouard Bureau, président de la Charbonnerie Saint-Laurent, rue du Fleuve à Trois-Rivières) et Gabrielle (mariée à Édouard Langlois en 1925). Berthe Bureau, fille d'Étiennette et d'Édouard, épousa plus tard le dentiste Yves Dufresne; elle réside aujourd'hui sur la terrasse Turcotte.

La famille Duplessis était très identifiée au parti "bleu" (conservateur) et très proche du clergé, en particulier de l'évêque de Trois-Rivières, Mgr Louis-François Laflèche, chef de file des ultramontains qui préconisaient la primauté de l'Église sur l'État. Elle était non seulement très nationaliste, mais aussi farouchement anticommuniste (conformément à l'encyclique Rerum Novarum de 1891 dans laquelle Rome avait rejeté le socialisme), et avait une profonde révérence pour les traditions. C'était aussi une famille de politiciens: Samuel Genest, l'un des leaders franco-ontariens dans la question des écoles publiques francophones en Ontario en 1917, était un oncle de Maurice Duplessis; William Grant, député libéral de Champlain, était aussi un oncle. Maurice Duplessis était aussi le neveu de Richard-Stanislas Cooke (maire de Trois-Rivières 1896-1898, député libéral de Trois-Rivières 1900-1904 et juge à la Cour supérieure 1904-1914) et de William-Pierre Grant (député libéral de Champlain 1925-1935) et le petit-neveu de Charles-Borromée Genest (député conservateur de Trois-Rivières 1869-1871), tandis que son beau-frère, Robert Grant, fut député fédéral en 1925, tandis que son autre beau-frère, Édouard Bureau, était le fils de Jacques Bureau, député libéral (1900-1925), solliciteur général du Canada (1907-1911) et ministre des Douanes (1921-1925).

À l'automne 1898, le jeune Maurice Duplessis entra au Collège Notre-Dame de Côte-des-Neiges à Montréal, chez les Pères de Sainte-Croix, pour y faire ses études primaires. Puis, en 1902, il entra au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières pour son cours classique. À cette époque, il passait ses vacances d'été sur la ferme de son grand-père, à Yamachiche. Elève brillant, il s'inscrivit au cours de droit de l'Université Laval à Montréal (aujourd'hui l'Université de Montréal) en septembre 1910. Diplômé trois ans plus tard, il fut admis au Barreau du Québec le 14 septembre 1913. Il travailla d'abord pour le cabinet légal de son père (Duplessis & Duplessis). L'année suivante, après la nomination de son père à un poste de juge, le jeune Maurice s'associa aux avocats Langlois & Lamothe (Édouard Langlois, son beau-frère). Il prit en même temps une part active à la vie sociale trifluvienne. Il fut l'un des directeurs-fondateurs du Club de base-ball de Trois-Rivières et fut membre de l'unité de milice locale, le Régiment de Trois-Rivières.

"Duplessis cachait ses diplômes sous des dehors un peu rustres. Il faisait l'éloge de l'ignorance et professait des idées simplistes..." écrivait la journaliste Lysiane Gagnon. Cette légende, selon laquelle Duplessis se vantait de n'avoir jamais ouvert un livre depuis la fin de ses études, fut largement répandue par le chanoine Lionel Groulx (que Duplessis, de son côté, admirait). Cette prétendue propension à faire l'éloge de l'ignorance et ces étiquettes de "rustre" et d'"ignare" lui viennent, en partie, de l'inébranlable opposition qu'il a toujours manifesté face aux intentions du gouvernement fédéral de subventionner l'enseignement universitaire: "Duplessis est contre l'éducation! contre les universités! Il veut maintenir les Canadiens-Français dans l'ignorance" ont clamé les fédéralistes. En réalité, de nombreux témoignages confirment que Maurice Duplessis était très cultivé et un érudit dans certains domaines, notamment l'histoire, la musique classique et, surtout, la peinture. Il aimait particulièrement le concerto, pour piano ou pour violon, l'opéra (tel "La Traviata" de Giuseppe Verdi) et les compositions de Tchaïkovski, Schubert, Brahms et Beethoven. Parmi les tableaux qu'il possédait, acquis pour la plupart dans les galeries Watson, Dominion et Continental - et dont plusieurs lui furent offerts par des entrepreneurs de construction, puis échangés -, on note des oeuvres de Cornelius Krieghoff (17 toiles, dont "Intérieur canadien-français" 1850, "Le fumeur", "La promenade en carriole" c. 1850 et "Campement indien à la rivière Sainte-Anne" 1854), de J.B. Jongkind ("Les Patineurs", 1869), de Frederick Simpson Coburn (6 oeuvres, dont "The Top of the Hill", 1947) et deux oeuvres mineures d'Auguste Renoir, dont "Nature morte". À sa mort, Duplessis légua une collection de 65 tableaux au Musée du Québec, soit 63 huiles, une aquarelle et une gouache.

Catholique, très pieux, Duplessis considérait la religion comme le fondement de la civilisation. Le frère André fut un personnage marquant de l'enfance de Duplessis qui avait une dévotion particulière pour saint Joseph. Devenu premier ministre, Duplessis assistait chaque mercredi, jour de saint Joseph, à la messe de 6 heures du matin à la basilique de Québec. Toutes les séances ordinaires du Conseil des ministres, les ouvertures de sessions parlementaires et les élections étaient également tenues le mercredi. "Homme profondément religieux, il était sensible aux misères des petites gens. Sa générosité était proverbiale. Non seulement il venait en aide à ses amis, mais également à ceux qui ne partageaient pas ses idées politiques" (Sylvio Saint-Amant, éditorialiste, Le Nouvelliste). Sans le sou durant toute sa vie, Duplessis laissait, à sa mort, une dette de 42 000$ contractée envers la Banque provinciale du Canada et dont son bon ami Gérald Martineau s'était porté garant.

Duplessis, comme beaucoup d'hommes politiques avant lui, était convaincu de l'adage: "La foi, gardienne de la langue; la langue gardienne de la foi". Tant et aussi longtemps que les Québécois resteraient francophones, ils ne pouvaient être contaminés par les doctrines protestantes des anglophones; et vice versa: tant et aussi longtemps que la nation canadienne-française resterait tout entière catholique, elle ne pouvait disparaître ou se faire assimiler par le Canada anglais. Duplessis était un admirateur d'Honoré Mercier (premier ministre du Québec de 1887 à 1891) et de Félix-Gabriel Marchand (premier ministre de 1897 à 1900), deux grands défenseurs des Canadiens-Français.

Duplessis croyait au capitalisme comme le moins mauvais des systèmes économiques; il avait foi dans l'entreprise privée comme moteur de l'évolution économique et sociale. Pour lui, un gouvernement ne serait jamais rien qu'un "fabricant de taxes": "Le jour où le gouvernement prendrait charge de tout, ce serait la fin de l'initiative et de la liberté personnelles", la fin de la démocratie. Le 17 juin 1959, quelques semaines avant sa mort, lors de l'inauguration d'une nouvelle usine de la Canadian Steel Wheel dans l'est de Montréal, il décrivait même le Québec comme "le quartier général de la libre entreprise". C'est sans doute ce qui lui faisait dire à l'occasion: "Mon gouvernement est le seul en Amérique du Nord qui est entièrement en faveur de la libre entreprise: avant, pendant et après les élections!".

De tempérament autoritaire et solitaire, Maurice Duplessis avait beaucoup d'esprit et un sens de l'humour développé, parfois acerbe, et le sens de l'histoire. Il était considéré comme un excellent orateur. On lui reconnaît, entre autres qualités, une mémoire phénoménale, en particulier pour les noms et les visages, une intelligence supérieure, un grand esprit d'analyse et de synthèse. On dit aussi de lui qu'il était très superstitieux (il misait particulièrement sur le chiffre sept), charmant et fort malhabile de ses mains; c'est d'ailleurs pourquoi il se faisait raser par un barbier tous les matins vers 6h30. De bonne corpulence, il était cependant un gros fumeur de cigare et souffrait du diabète.

Durant la Première Guerre, à l'époque où il était jeune avocat, Duplessis fréquenta la fille d'un marchand de charbon, Augustine Delisle. Mais la famille Duplessis désapprouva tout projet de mariage l'unissant à une famille de commerçants. Dès lors, il ne fut plus jamais question de mariage pour lui. Il demeura célibataire durant toute sa vie. Ce qui permit à l'un de ses anciens amis, Paul Bouchard, d'écrire: "Bénissons cet austère célibat. Cette race de traîtres ne se reproduira pas!". Une des plaisanteries habituelles de Duplessis commençait par: "Nous autres, célibataires, nous ne faisons pas baptiser...". Malgré son célibat, il eut, en 1950, le bonheur d'être choisi comme parrain de Marie Talbot; la jeune Marie pouvait entrer en tout temps, sans demander audience, dans le bureau du premier ministre.

Chaque année, au temps des fêtes de Noël et du Nouvel An, Maurice Duplessis venait à Trois-Rivières visiter ses parents, les curés de la ville ainsi que ses vieux amis. Parmi eux se trouvaient notamment: le député conservateur de Trois-Rivières à la Chambre des Communes, Léon Balcer; le notaire J.-Arthur Trudel, président de la Commission des écoles catholiques de Trois-Rivières; Bob Clark, rédacteur du St. Maurice Valley Chronicle (qui accompagna Duplessis lors de ses voyages dans le Nouveau-Québec en 1948 et 1953); le juge Léon Lajoie, le comptable Henri Ferron et Léon Méthot, conseiller juridique de la Ville de Trois-Rivières, organisateur général du Parti conservateur du Québec et sénateur. Il venait également, à chaque année, faire une visite à l'Exposition régionale de Trois-Rivières; il y était encore le 27 août 1959, quelques jours avant sa mort. Il se faisait aussi un devoir de rencontrer ses électeurs et de voter dans son comté à chaque élection fédérale ou provinciale.

Lorsqu'il séjournait à Montréal, à l'hôtel Ritz Carlton, Duplessis profitait souvent de ses moments de détente pour visiter le Musée des beaux-arts. Ses seules vacances étaient d'aller à New York, de temps à autre, pour assister aux séries mondiales de base-ball, au stade des Yankees, avec l'entrepreneur américain Lou Perini, ou pour aller au théâtre ou à un concert. Il aimait aussi engager des paris; quand il gagnait de l'argent, il l'envoyait aux Soeurs du Précieux Sang à Trois-Rivières.

En 1959, la compagnie Iron Ore invita le premier ministre à retourner dans l'Ungava pour constater les progrès dans le développement de la région. Jules Timmins et le président de la compagnie, J.H. Thompson, devaient être présents. Duplessis, gravement malade depuis quelques semaines, accepta quand même de faire le voyage.

Le mercredi 2 septembre 1959, à Québec, Duplessis s'envola pour Sept-Iles et Schefferville, accompagné de son ami Gérald Martineau, de son neveu Jacques Bureau et de trois députés de la région de Montréal, dont Lucien Tremblay et Maurice Custeau. Le lendemain, après une visite des mines de fer, il rentra au chalet, fuma un bon gros cigare, discuta avec ses amis, s'accouda à la fenêtre, puis s'écroula. Le docteur Horst Rosmus, médecin de la compagnie et seul médecin de Schefferville, examina le malade et diagnostiqua une attaque de paralysie cérébrale. Le père Marcel Champagne, curé de Schefferville, administra le sacrement d'extrême-onction au mourant qui subit trois autres attaques dans la journée.

Les docteurs Lucien Larue, spécialiste des maladies cérébrales, et Yves Rouleau, appelés d'urgence, arrivèrent de Québec et confirmèrent le diagnostic du docteur Rosmus. L'issue était fatale. Le lundi 7 septembre 1959, quelques minutes après minuit, Maurice Duplessis rendit le dernier soupir.

Ce bourreau de travail décéda en ce jour de la Fête du travail pour lequel il avait prévu, à son retour, dévoiler une plaque commémorative dans le parc Champlain de Trois-Rivières en l'honneur d'Ezekiel Hart, à l'occasion du bicentenaire de l'arrivée des Juifs au Canada.

"Nous rendons hommage à un grand disparu, l'honorable Maurice Duplessis. Celui qui, par son travail et son patriotisme, s'est identifié à la province de Québec, à ses besoins et à ses aspirations. Celui qui, pendant toute sa vie, s'est distingué par son labeur acharné est mort, ayant tombé à la tâche le 7 septembre 1959, à la première heure du jour consacré dans l'Univers pour célébrer le travail. L'honorable Maurice Duplessis a été un grand premier ministre, un grand politique et un grand citoyen". Tel fut l'hommage posthume rendu par l'Almanach du peuple Beauchemin 1960 imprimé peu après le décès à Schefferville de celui qui fut député de Trois-Rivières durant 32 ans et premier ministre du Québec durant 18 ans.

Dès la fin de la Première Guerre mondiale, jeune avocat, Duplessis faisait déjà figure de personnalité dans les rangs conservateurs. Lors de l'élection fédérale de 1921, il mena campagne dans Trois-Rivières en faveur du docteur Louis-Philippe Normand, un "bleu" qui avait déjà été maire de la ville (1908-1913), contre le candidat libéral, l'avocat Jacques Bureau qui se vantait d'être "le boss aux Trois-Rivières" depuis 1900. Bureau fut réélu.

Deux ans plus tard, en 1923, Maurice Duplessis fut lui-même candidat conservateur contre le libéral Ludger-Philippe Mercier, notaire, député de Trois-Rivières à l'Assemblée législative du Québec depuis 1921. Mais Mercier avait l'appui solide du député fédéral, Jacques Bureau, et de trois autres députés libéraux venus lui prêter main forte: le ministre du Travail, Antonin Galipeault, le président de l'Assemblée législative, Joseph-Napoléon Francoeur, et le député fédéral de Richelieu, Pierre-Arthur Cardin. Le 5 février 1923, Mercier fut lui aussi réélu, avec 1 612 voix contre 1 328 voix pour Duplessis. Trois-Rivières est restée "rouge" à Ottawa et "rouge" à Québec. Mais les temps allaient changer...

Le conservateur Maurice Duplessis remporta sa première victoire à l'élection du 16 mai 1927 contre le libéral Mercier. Dès lors, Trois-Rivières allait rester "bleue" durant 43 ans sans interruption (1927-1970). Duplessis remporta les huit élections suivantes: en 1931, alors que son adversaire libéral était Bigué, en 1935 (son adversaire libéral était Léon Lajoie), de même qu'en 1936, 1939, 1944, 1948, 1952 et 1956.

Au début de sa carrière politique, en 1923, Duplessis disait: "Je serai avant tout citoyen des Trois-Rivières". Il avait d'ailleurs un slogan fort simple: "Trois-Rivières d'abord, Trois-Rivières ensuite, Trois-Rivières toujours!" Mais ce slogan apparaît comme un porte-à-faux car il n'est pas évident que Maurice Duplessis a profité de ses fonctions pour favoriser Trois-Rivières davantage que toute autre région.

En 1944, il disait encore:
"Je suis né à Trois-Rivières, j'y ai vécu et j'y ai grandi. Et je veux,
dans plusieurs années, dormir ici de mon dernier sommeil. Nous ne
sommes pas ici seulement des concitoyens, nous sommes les membres
d'une même famille".

Succédant à Camilien Houde, devenu maire de Montréal en 1930, Maurice Duplessis fut élu chef du Parti conservateur du Québec lors d'un congrès tenu à Sherbrooke le 4 octobre 1933, en pleine période de crise économique mondiale favorable à la montée des idéologies nationalistes, fascistes et antisémites.

Les années 1930, durant lesquelles on utilisa de plus en plus la radiophonie pour atteindre les masses populaires, furent en effet caractérisées par une prolifération des dictatures à travers le monde, particulièrement en Europe, dictatures accompagnées d'un culte de la personnalité à l'égard des chefs. Ainsi, à l'instar de certains dictateurs qui faisaient les manchettes en Europe, tels "le Caudillo" (Francisco Franco en Espagne), "le Duce" (Benito Mussolini en Italie) et "le Führer" (Adolf Hitler en Allemagne), on surnomma Duplessis "le Chef". Titre qu'il méritait bien d'ailleurs. De tempérament autoritaire, Duplessis était un véritable leader, le chef incontesté et incontestable de son parti. Doué des qualités nécessaires à un vrai chef, et soucieux de ne pas se laisser "dépasser" par les événements, il voyait tout, surveillait tout, et se tenait bien informé de tous les dossiers qui relevaient de ses responsabilités comme député de Trois-Rivières, comme chef de parti politique et, plus tard, comme chef de gouvernement. Ces rares qualités lui méritèrent toutefois l'étiquette d'"autocrate". Le libéral Adélard Godbout ne se gênait d'ailleurs pas pour traiter Duplessis de "petit dictateur de Trois-Rivières". Et le ministre Télesphore-Damien Bouchard, propriétaire de l'Imprimerie d'Yamaska qui publiait l'hebdomadaire Le Clairon, le comparait souvent à Antonio Salazar, président du Portugal (qui avait mis sur pied un régime corporatif) et parlait de l'administration Duplessis comme "le règne du Cosaque". Ses ennemis ne manquèrent pas de tracer un parallèle entre Duplessis et Hitler, rappelant, par exemple, que les deux hommes étaient nés un 20 avril... à un an d'intervalle! Mais le portrait de "dictateur" ou "fasciste", que l'on traçait, était nettement exagéré: Duplessis n'a jamais cru qu'il était au-dessus de la loi, et il a toujours respecté les jugements rendus par les cours de justice.

Le 7 novembre 1935, Duplessis conclut une alliance entre son parti et l'Action libérale nationale (A.L.N.) de Paul Gouin (fils et petit-fils de deux anciens premiers ministres: Lomer Gouin, 1905-1920, et Honoré Mercier, 1887-1891), Philippe Hamel et Oscar Drouin, contre le Parti libéral au pouvoir depuis près de 40 ans et dirigé par Louis-Alexandre Taschereau depuis 1920. L'A.L.N. avait été fondée l'année précédente (1934) par des libéraux dissidents mécontents de la corruption du règne libéral. Son programme proposait notamment une réforme de la loi électorale, la création d'un régime de pension de vieillesse, d'une commission du salaire minimum et d'un office de crédit agricole, l'électrification rurale, la nationalisation de l'électricité et la lutte contre les trusts.

Seize jours plus tard, lors de l'élection du 25 novembre 1935, le Parti libéral fut reporté au pouvoir avec une mince majorité de six sièges: les libéraux en obtinrent 48, l'A.L.N. 26 et le Parti conservateur 16.

Après l'élection du 25 novembre 1935, Maurice Duplessis entendait bien se servir des séances du Comité des comptes publics, au printemps de 1936, pour exposer systématiquement la corruption du gouvernement et démolir la crédibilité des libéraux qu'il considérait comme des voleurs et des crapules. Présidé par Léon Casgrain, ce comité parlementaire était chargé de passer au peigne fin l'ensemble des dépenses du gouvernement. Le 11 juin 1936, après 15 jours de séances d'humiliation habilement menées par Duplessis, le premier ministre Taschereau annonça une nouvelle élection pour le 17 août 1936, puis démissionna; il fut remplacé par son dauphin, Adélard Godbout, ministre de l'Agriculture.

Jouissant d'une bonne cote de popularité et sentant le vent dans les voiles, Duplessis proposa alors la formation officielle d'un nouveau parti - dont il serait le chef, évidemment - pour faire face au Parti libéral et s'assurer d'une victoire sur les libéraux, comme l'avait fait Honoré Mercier en 1886 en fondant le Parti national. Lors d'une assemblée des conservateurs, de libéraux dissidents, d'indépendants et de patriotes, tenue à l'hôtel Magog de Sherbrooke le 20 juin 1936, il fonda un nouveau parti qui se voulait une coalition nationale des Canadiens-Français de toutes tendances: l'Union nationale.

Dès sa formation, l'Union nationale reçut l'appui du clergé car ce parti reprenait à son compte le "Programme de restauration sociale" mis au point en 1933 par un groupe de Jésuites de l'École sociale populaire de Montréal, des évêques et quelques laïcs, et repris par divers groupes sociaux: syndicats, associations professionnelles, coopératives, etc. ainsi que par la Société Saint-Jean-Baptiste et l'Action libérale nationale. Ce programme concrétisait, en fait, les principes de l'encyclique Quadragesimo Anno promulguée en 1931 par le pape Pie XI, et présentait le corporatisme comme une troisième voie entre le capitalisme (le libéralisme économique pur et dur) et le socialisme (dit anti-chrétien et antichambre du communisme). Il proposait, entre autres mesures, l'encouragement aux p.m.e. (petites et moyennes entreprises) canadiennes-françaises, le contrôle des grandes entreprises et l'étatisation des trusts, notamment ceux de l'électricité, du gaz et du charbon.

En 1936, l'Union nationale fit donc campagne avec ce programme presque en tout point identique à celui de l'Action libérale nationale. Elle imprima et distribua en plusieurs milliers d'exemplaires Le catéchisme des électeurs, un recueil de 144 questions et réponses largement inspiré du Catéchisme politique ou éléments du droit public et constitutionnel du Canada publié en 1851 à Montréal par A. Gérin-Lajoie. L'ouvrage traitait le gouvernement Taschereau de "caverne de voleurs", de régime corrompu, coupable de prévarication, et s'en prenait particulièrement à Antoine Taschereau, frère du premier ministre; au sous-ministre Charles Lanctot, avocat du gouvernement "qui a perdu la cause du Labrador" à Londres; au ministre de la Colonisation, Irénée Vaudrin, et à l'un des piliers du Parti libéral, Sir Herbert Holt (ancien président de la Montreal Light, Heat & Power, de la Montreal Trust et de la Banque Royale du Canada). Le catéchisme des électeurs accusait aussi le gouvernement libéral d'exploiter et de maltraiter les colons, d'avoir conduit l'agriculture dans le marasme et de contrôler la quasi-totalité des journaux: Le Soleil (Québec), le Chronicle Telegraph (Québec), La Tribune (Sherbrooke), Le Quotidien (Lévis), Le Canada (Montréal), La Presse (Montréal), La Patrie (Montréal), etc. Puis il prophétisait: "Un grand vent de justice va bientôt passer sur la province, orage bienfaisant qui emportera les fils d'araignées, la vermine (...), les déchets, les ordures..." (p. 7).

Avec son slogan "à bas les trusts", l'Union nationale dénonçait les scandales du gouvernement libéral, l'accusant de s'être laissé soudoyer par des compagnies étrangères exploitant les richesses naturelles du Québec et de s'être placé "sous la domination des puissances de l'argent".

Le programme électoral de l'Union nationale proposait une série de mesures qui paraissaient plutôt "révolutionnaires": organisation professionnelle des agriculteurs, codification des lois ouvrières, disparition des taudis et accès à la propriété, vente des "liqueurs" (boissons alcoolisées) par des épiciers licenciés, interdiction aux ministres d'être intéressés dans des entreprises faisant affaires avec le gouvernement, transformation du Conseil législatif en un Conseil économique, carte d'identité des électeurs, etc.

Le 17 août 1936, l'Union nationale remporta une victoire éclatante (76 députés) sur le Parti libéral (14 députés), tandis que l'Action libérale nationale mordit la poussière. À l'âge de 46 ans, Duplessis, député de Trois-Rivières, devint premier ministre du Québec.

LE CHEF DE PARTI ET DE GOUVERNEMENT

Maurice Duplessis fut président du Conseil exécutif de la province du Québec, c'est-à-dire chef du gouvernement ou premier ministre, pendant 18 ans, soit de 1936 à 1939 puis de 1944 jusqu'à sa mort, en 1959; il était aussi procureur général de la province. Il se présentait alors comme le défenseur des "petits", des chômeurs et de la petite entreprise privée canadienne-française. À cet égard, on dit que Duplessis soignait son apparence: il était généralement bien mis, avec chemise, cravate, veston, paletot, sauf pour son chapeau - le premier élément que les gens remarquent - qui faisait bien pauvre, ce qui, de son propre avis, le rapprochait du peuple.

Lorsqu'il était à Québec, Maurice Duplessis résidait en chambre au Château Frontenac; il est certain que plusieurs dossiers du gouvernement furent traités dans les murs de cet hôtel. Durant tout ce temps, le premier ministre a pu compter sur le talent, le dévouement sans limite et la discrétion de ses secrétaires particuliers, Auréa Cloutier (qui resta, elle aussi, célibataire durant toute sa vie) et Roger Ouellet, et sur un fidèle chef de cabinet, Georges Léveillé.

En plus d'avoir eu un "chef" déterminé, l'Union nationale a su se maintenir au pouvoir grâce, principalement, à une remarquable prospérité économique et une grande stabilité politique. D'autres facteurs ont aussi contribué au maintien au pouvoir de Maurice Duplessis. Entre autres, la collaboration inconditionnelle de deux hommes exceptionnels: Joseph-Damase ("Jos-D.") Bégin, qui était non seulement ministre de la Colonisation mais aussi organisateur général du parti, et Gérald Martineau, le fidèle trésorier du parti. Le contrôle d'un journal quotidien favorable à l'Union nationale, Montréal-Matin, a passablement aidé le gouvernement Duplessis à influencer l'opinion publique. Propriété de Jacques-Narcisse Cartier, petit-cousin de Duplessis, et acquis en juin 1947 par les Éditions Laviolette en fidéicommis pour l'Union nationale, Montréal-Matin était dirigé par le Trifluvien Charles Bourassa et visait les masses populaires, le "monde ordinaire" (comme le fait, aujourd'hui, le Journal de Montréal), contrairement aux journaux La Presse (de Pamphile Du Tremblay) et Le Devoir, dirigé par Gérard Filion et qui était lu surtout par des intellectuels.

À cette époque, l'Église catholique jouissait d'une forte mainmise sur l'éducation et les services de santé. Dans l'exercice du pouvoir civil, le gouvernement ne pouvait pas ignorer celui de l'Église. Aussi, l'un des autres facteurs déterminants dans le maintien au pouvoir de l'Union nationale fut sans doute les relations très serrées entre Duplessis et le clergé, ou plus particulièrement l'épiscopat québécois, relations si étroites que les anti-duplessistes parlaient sans ambages d'alliance entre "le trône et l'autel". Cette alliance était d'ailleurs voulue par le cardinal Villeneuve qui, lors du Congrès eucharistique de juin 1938, avait reçu un anneau des mains de Duplessis et avait déclaré: "Je reconnais dans cet anneau le symbole de l'union de l'autorité religieuse et de l'autorité civile".

Duplessis considérait aussi le respect de la loi et des tribunaux comme le fondement de l'ordre social. Il ne pouvait admettre le défi à la loi, à l'autorité, qui engendre le désordre, l'anarchie. Ce principe inébranlable eut de fortes répercussions dans les relations entre son gouvernement et le monde du travail. Pour le premier ministre du Québec, une grève illégale devait tout simplement être écrasée.

À l'image du Québec traditionnel, dont elle était le rejeton, l'Union nationale fut profondément conservatrice, anticommuniste et très nationaliste. Maurice Duplessis considérait le monde rural et l'agriculture comme le fondement de la nation canadienne-française. L'un de ses slogans électoraux était: "La prospérité rurale est la base de la prospérité urbaine". Mais il n'a jamais hésité pour autant à favoriser l'industrialisation: déjà en 1935, durant la crise économique, alors que le gouvernement Taschereau faisait adopter la Loi pour promouvoir la colonisation et le retour à la terre, il affirmait que l'on avait tort de croire que le retour à la terre remédierait au chômage (L'Action catholique, 13 mars 1935).

Comme plusieurs chefs d'État ou de gouvernement de son époque, Maurice Duplessis fut l'objet d'un véritable culte. Mais le culte de la personnalité a sa contrepartie: "le chef" est responsable de tout. Quand tout allait bien, les partisans criaient haut et fort que c'était "grâce à Duplessis"; mais quand tout allait mal, nombreux étaient les adversaires pour dénoncer "la faute à Duplessis!". Voilà la rançon de la gloire!

Sujet inépuisable de controverses, Duplessis fut néanmoins l'un des premiers ministres du Québec les plus marquants, ne serait-ce que par la longévité de son administration. "Vous avez fait plus pour la province de Québec et les Canadiens-Français du Canada qu'aucun autre premier ministre" écrivait le docteur J.-J. Laurier, directeur médical de l'hôpital Saint-Joseph de Trois-Rivières, le 19 août 1958. L'Evening Standard de Londres qualifiait Duplessis de "premier ministre le plus remarquable de l'Empire britannique" (3 juillet 1958). Même un journaliste d'Ottawa, Austin Cross, le comparait avantageusement à Sir Georges-Étienne Cartier, à Sir Wilfrid Laurier ou à Lomer Gouin (The Evening Citizen, 8 mars 1950).

De toute évidence, un gouvernement au pouvoir durant 15 ans a plus de chances de se faire remarquer qu'un autre au pouvoir durant seulement trois ou quatre ans. Incidemment, l'un des grands torts de Maurice Duplessis aura sans doute été d'avoir régné trop longtemps et de ne pas avoir respecté Le catéchisme des électeurs de l'Union nationale qui, dès 1936, citait Wilfrid Laurier: "Un gouvernement de quinze ans est un gouvernement pourri" (p.5).

Duplessis était le "produit" de son époque. Et même en admettant qu'il incarnait le Québec traditionnel, le juger revient à faire le procès de toute la société québécoise traditionnelle. Car, s'il faut trouver un coupable, c'est vers la société de l'époque qu'il faut regarder, et non pas seulement vers Duplessis ou l'Église. "Cessons de feindre que nous avons été victimes du pouvoir d'une partie de nos élites, et délivrons-nous de ces analyses manichéennes qui empêchent de voir lucidement la réalité de ce que nous étions. Nous avons été les acteurs de notre histoire et devons collectivement en porter la responsabilité" (René Hardy, historien, Université du Québec à Trois-Rivières, dans Le Nouvelliste, 17 mars 1999, p. 9).

Plutôt que de juger Duplessis - ce que l'on a amplement fait jusqu'à maintenant - ne serait-il pas mieux aujourd'hui d'essayer de comprendre ?

Dès le début de sa carrière politique, Maurice Duplessis était membre du Parti conservateur qui s'imposait dans le champ de la taxation directe, véritable instrument de l'autonomie provinciale. Il ne pardonna jamais au gouvernement libéral d'Adélard Godbout d'avoir sacrifié certains pouvoirs du Québec sur "l'autel du fédéralisme" pendant la guerre, particulièrement en avril 1942 (projet de loi 33 autorisant le gouvernement à céder des droits constitutionnels), et d'avoir ouvert la porte aux empiétements d'Ottawa dans certains domaines exclusifs, dont ceux du travail et des affaires sociales. En 1942, en effet, le gouvernement du Canada conclut une entente avec les provinces (convention Mathewson-Ilsley) par laquelle les provinces abandonnaient au gouvernement fédéral quelques-unes de leurs plus importantes sources de revenu, notamment l'impôt sur les corporations, l'impôt sur le revenu des particuliers, l'impôt sur les successions et diverses taxes sur l'essence, les amusements, le paris mutuel, les transferts de titres, l'électricité et les messages téléphoniques. Durant tout son règne, Maurice Duplessis tenta de récupérer ces pouvoirs.

* * *

Au moment où Maurice Duplessis fut élu député de Trois-Rivières à l'Assemblée législative, en 1927, le monde occidental traversait une période de prospérité. Mais les "années folles", comme on les appelait, connurent une fin abrupte quand, le 24 octobre 1929, un krach à la Bourse de New York déclencha une grave dépression économique, une crise qui ne devait se résorber que dix ans plus tard avec la reprise provoquée par l'économie de guerre. Les "années noires" de la décennie 1930 furent avant tout des années de chômage et de misère pour les travailleurs.

Les années 1930 furent caractérisées, au Québec comme ailleurs dans le monde, par une montée fulgurante de l'extrême-droite et de l'antisémitisme qui rendait les Juifs responsables de tous les maux de la planète. En 1934, Adrien Arcand fonda un parti fasciste, le Parti national social-chrétien. Heureusement, le mécontentement des travailleurs fut canalisé par des partis politiques plus démocratiques comme l'Action libérale nationale, fondée la même année (1934) par des libéraux dissidents.

En 1935 fut fondée l'Union nationale, une coalition du Parti conservateur du Québec dirigé par Maurice Duplessis et de l'Action libérale nationale de Paul Gouin. Moins d'un an plus tard, le 17 août 1936, l'Union nationale succéda aux libéraux qui avaient détenu le pouvoir durant près de 40 ans.

Devenu chef du gouvernement, Duplessis se contenta de ne garder que quelques-unes de ses promesses électorales: le crédit agricole, l'électrification rurale (c'est-à-dire la construction de lignes de distribution de l'électricité dans toutes les régions rurales du Québec) et la poursuite du programme de colonisation du gouvernement Taschereau. On souhaitait ainsi freiner l'exode rural.

"Le chef" se débarrassa rapidement des éléments réformistes de son parti, se réfugiant plutôt dans un conservatisme outré. Les anciennes têtes de l'A.L.N., Paul Gouin, le docteur Philippe Hamel, qualifié d'anticapitaliste, et Ernest Grégoire s'estimant trahis, furent parmi les premiers à quitter le parti de Duplessis. Mais la plupart des anciens députés de l'A.L.N. s'alignèrent sur l'Union nationale. Le premier gouvernement Duplessis comprenait plusieurs anciens libéraux: Oscar Drouin, Bona Dussault, François Leduc, Joseph Bilodeau. Parmi les autres ministres influents du nouveau gouvernement se trouvaient John S. Bourque (Terres et Forêts), Antonio Talbot (Voirie), Joseph-Damase Bégin (Colonisation) et Antonio Barrette (Travail).

La Loi du crédit agricole (qui assurait aux cultivateurs la propriété de leurs biens) fut sanctionnée dès le 12 novembre 1936, soit à peine trois mois après la prise du pouvoir par l'Union nationale. Aux mesures signalées plus haut, le premier gouvernement Duplessis ajouta le régime des pensions de vieillesse (1936), le régime des allocations aux aveugles et aux mères nécessiteuses (1937) et un vaste programme de travaux de drainage des terres marécageuses, programme qui se poursuivit durant plusieurs années.

Durant la campagne électorale de 1939, Duplessis s'opposa fermement au projet de conscription du gouvernement fédéral de Mackenzie King. Mais le Parti libéral d'Adélard Godbout dressa alors le bilan de l'administration Duplessis: Loi du cadenas, "dictature, fascisme", réseau routier sous-développé, gouvernement contre le vote des femmes, contre le syndicalisme. « Duplessis, disait-on, ne peut nationaliser l'électricité puisqu'il est au service de la haute finance». Ernest Lapointe, ministre fédéral de la Justice et chef de l'aile québécoise du Parti libéral du Canada, participa à la campagne aux côtés de Godbout. Il parlait de l'Union "nazie-onale" et annonça que si Duplessis était reporté au pouvoir, il en conclurait que les Québécois avaient choisi le fascisme. Puis, parlant au nom du Parti libéral du Canada, il s'engagea à ne pas imposer la conscription. C'en était fait de Duplessis!

Lors de l'élection d'août 1944, le Bloc populaire recueillit 16% des voix et fit élire quatre députés, tandis que l'Union nationale, récoltant les fruits du mécontentement des Québécois contre le gouvernement fédéral et la conscription, revint au pouvoir avec 48 circonscriptions (39% du vote populaire). De retour au pouvoir, en 1944, Duplessis rompit une tradition: depuis la Confédération, en 1867, la coutume voulait que l'on réserva le poste de Trésorier provincial (appelé ministre des Finances à partir de 1952) à un anglophone; on préjugeait alors - sur Wall Street, chez les investisseurs étrangers et même au Québec - qu'aucun Canadien-Français n'avait les compétences nécessaires pour cette fonction. En 1944, Duplessis nomma un francophone à ce poste: Onésime Gagnon. Les Canadiens-Anglais en furent estomaqués! Puis, Duplessis rétablit la Régie provinciale des transports et communications et la Régie provinciale de l'électricité qui avaient été abolies par le gouvernement Godbout, mais abolit la Commission d'assurance-maladie créée par les libéraux en 1943.

Le gouvernement de Maurice L.-Duplessis était tout à fait conscient de l'importance du développement du réseau électrique dans le progrès économique du Québec. L'une de ses priorités fut d'étendre l'électrification dans toutes les régions rurales et les coins les plus reculés de la province. Cette préoccupation se révéla dès le 19 novembre 1945 à Saint-Georges-de-Beauce, lors d'une campagne pour une élection complémentaire, quand Duplessis commença son discours par une phrase restée célèbre: "Électeurs, électrices... électricité!". Lors des campagnes électorales, il rappelait souvent aux électeurs: "Un vote pour les libéraux est un vote pour la lampe à l'huile". Mais sa formule préférée était: "L'Union nationale apporte le soleil dans les campagnes". Son vaste programme d'électrification rurale fut l'une de ses grandes réalisations.
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L'un des plus grands "torts" du gouvernement Duplessis a été de continuer, comme au temps des libéraux, à distribuer les fonds publics "au bon plaisir du prince", plutôt que d'établir des octrois statutaires. Périodiquement, par exemple, les évêques et recteurs d'universités se faisaient un devoir de demander des subventions au gouvernement pour les écoles, collèges et universités, les orphelinats, les centres hospitaliers, etc. Demandes auxquelles Duplessis s'empressait généralement d'acquiescer. Les chèques de subventions aux maisons d'enseignement, par exemple, étaient remis par le surintendant de l'Instruction publique au premier ministre qui les envoyait lui-même aux directeurs concernés, exactement comme cela se faisait au temps des libéraux. Ainsi, les allocations de fonds publics étaient perçues non pas comme un dû, comme un droit institutionnel, mais plutôt comme des actes de charité, comme des privilèges accordés par "le chef". On ne peut compter les innombrables témoignages de l'époque soulignant la "générosité" de Duplessis, comme celle-ci: "C'est par dizaines de millions que se chiffrent les différents octrois consentis par M. Duplessis pour des maisons d'enseignement, des hôpitaux, des corps publics des Trois-Rivières. Dès qu'une organisation locale se trouvait aux prises avec des problèmes financiers, elle n'hésitait pas à se tourner vers M. Duplessis qui se montrait toujours généreux" (Yvon Thériault dans Le Bien public, 11 septembre 1959, p. 1). En somme, la manne publique apparaissait comme une pluie de dons personnels, entraînant un devoir de reconnaissance envers le "chef" et son parti.

Cette façon de faire, alliée au culte de la personnalité, imprimait dans l'esprit de la population une fausse perception de ce qu'était ou devrait être l'administration publique. Voyait-on surgir un nouveau pont, une école, un hôpital? C'était "grâce à la générosité, la charité et la magnanimité de notre premier ministre, Duplessis!". Lors de la campagne électorale de juin 1948, cette perception fut exploitée par un slogan très révélateur de cette vision: "Duplessis donne à sa province!". Trouvé par Joseph-Damase Bégin, l'organisateur général de l'Union nationale, ce slogan faisait référence, en réalité, aux libéraux qui, durant la guerre, avaient octroyé de grosses sommes d'argent à l'Angleterre pour son effort de guerre contre l'Allemagne: "Les Libéraux donnent aux étrangers; Duplessis donne à sa province!". Mais en 1948, trois ans après la guerre, les électeurs faisaient directement un rapprochement avec les octrois accordés "au bon plaisir du prince". La stratégie fut sensiblement la même durant la campagne de 1952 alors que le slogan était "Laissons Duplessis continuer son œuvre". Des photographies prises en juin 1952 dans la paroisse Sainte-Marguerite-de-Cortone, à Trois-Rivières, montrent une assemblée d'électeurs au-dessus desquels étaient suspendues des banderoles qui ne laissaient aucune alternative: "Duplessis seul peut continuer son œuvre", "Duplessis: un bâtisseur d'écoles", "Duplessis incarne le progrès".

Plutôt que d'établir des octrois statutaires aux universités, collèges et hôpitaux, le premier ministre Maurice L.-Duplessis distribuait les fonds publics "selon son bon plaisir". Et c'est là un autre de ses plus grands torts. "Plus d'une fois le budget d'un de nos corps publics officiels a été équilibré par un don spécial du premier ministre" écrivait encore Yvon Thériault (Le Bien public, 11 septembre 1959). Mais comment nos corps publics auraient-ils pu équilibrer leurs budgets s'ils étaient sous-financés au départ, dans le seul but de permettre à Duplessis de combler le manque à gagner par des octrois "spéciaux" ou d'accorder des bourses d'études "deux fois plus considérables que le total des bourses d'études accordées aux étudiants de toutes les autres provinces du Canada réunies" (Rosemary Bushnell, directrice du Service des recherches à la Conférence canadienne des universités, Saskatoon, 15 juin 1959, citée par Antonio Barrette, Mémoires, p. 382)?

"Les évêques mangent dans ma main" aurait dit Duplessis qui, bien sûr, tirait avantage à maintenir l'épiscopat dans une perpétuelle mendicité. Tous les évêques? Certes pas. Quelques irréductibles, comme l'archevêque de Montréal, Mgr Charbonneau, et l'archevêque de Sherbrooke, Mgr Philippe Desranleau, refusaient de se laisser prendre au jeu et se montraient très mal disposés envers les autres évêques et le gouvernement Duplessis. Mgr Charbonneau, qui n'assista plus aux assemblées des évêques à partir de 1948 et qui, durant la grève des travailleurs de l'amiante en 1949, proclama en chaire: "La classe ouvrière est victime d'une conspiration pour l'écraser...", fut forcé de démissionner en février 1950. Une journaliste libérale du journal Le Devoir, Renaude Lapointe, et la pièce de théâtre "Charbonneau et le Chef" ont largement contribué à répandre le mystère autour de la démission de Mgr Charbonneau qui aurait été victime de Duplessis. Le "chef" a-t-il vraiment exercé des pressions à cet effet? Le Supérieur du Collège canadien à Rome (et successeur de Mgr Charbonneau), Mgr Paul-Émile Léger, a-t-il joué un rôle décisif dans cette démission? Peu importe. La vrai question est de savoir: comment un archevêque de Montréal, en profond désaccord avec le reste de l'épiscopat du Québec, aurait-il pu se maintenir longtemps en selle?

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Déjà, à l'époque de Duplessis, le gouvernement fédéral cherchait par tous les moyens à s'ingérer dans les domaines de l'éducation et de la santé. Il projetait, par exemple, de verser directement des octrois aux universités, sans la participation des provinces. Le gouvernement Duplessis a tenu tête à Ottawa en menaçant de n'accorder aucun sou à toute institution qui accepterait un octroi fédéral. L'établissement de subventions statutaires, l'assurance d'octrois récursifs par le gouvernement du Québec aurait, croyait Duplessis, amené les universités à accepter le financement d'autres sources, y compris le gouvernement fédéral. Pour Duplessis, il n'était pas question que le gouvernement fédéral subventionne, de quelque façon que ce soit, l'enseignement universitaire.

Duplessis, disait-on souvent, est contre l'éducation! contre les universités! C'est un ignare, un rustre qui veut maintenir les Canadiens-Français dans "l'ignorance". On prétend même qu'il aurait déclaré: "L'instruction, c'est comme l'alcool: il y en a qui ne portent pas ça". Force est de constater que l'instruction publique a été, avec la voirie et la colonisation, l'un des secteurs les plus favorisés par le gouvernement Duplessis, distribuant chaque année des millions de dollars pour l'ouverture, l'agrandissement ou l'entretien d'établissements scolaires et de facultés universitaires. Même à l'époque où il était dans l'Opposition, le député trifluvien sollicitait des bourses d'étude pour les élèves de l'École normale de Trois-Rivières. Dès 1945, le gouvernement de l'Union nationale créa une École régionale d'agriculture à Sherbrooke. Puis il finança la création d'une École de médecine préventive et d'hygiène publique à l'Université de Montréal, la construction d'une École d'arpentage et de génie forestier à l'Université Laval de Québec, la relocalisation de l'Université Laval dans une "Cité universitaire" à Sainte-Foy, et la création de l'Université de Sherbrooke, orientée vers les sciences et le commerce, en 1954.

Le gouvernement Duplessis devait, en réalité, composer avec le Conseil de l'Instruction publique, dominé par les évêques, qui contrôlait l'éducation dans la province. Afin de soustraire une partie de l'instruction publique de la mainmise de l'épiscopat, Duplessis mit sur pied une panoplie d'écoles spécialisées (instituts, écoles techniques, écoles d'arts et métiers) qui relevaient non pas du Conseil de l'Instruction publique, ni du ministère du Travail ou ni du Secrétariat provincial, mais d'un nouveau ministère: celui du Bien-Être social et de la Jeunesse. En 1949, le Québec comptait déjà six écoles spécialisées: dans le meuble, les arts graphiques et l'automobile à Montréal, dans le textile à Saint-Hyacinthe, dans la marine à Rimouski et dans la papeterie à Trois-Rivières. Seuls les métiers du bâtiment, de l'imprimerie et de la chaussure restaient sous la coupole du ministère du Travail.

En 1959, après 15 ans de pouvoir, le gouvernement Duplessis avait fait construire plus de 2 000 écoles. Il consacrait 18,6% de son budget à l'enseignement, contre 17,8% en Ontario.

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Duplessis avait l'insigne avantage, pour faire des dons, tant dans sa circonscription que n'importe où au Québec, d'être lié d'amitié à l'un des hommes les plus riches du Canada: John Wilson McConnell.

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Le 6 juin 1948, Maurice L. Duplessis inaugura le pont qui porte son nom à Trois-Rivières (ouvert à la circulation le 21 décembre 1947 et effondré le 31 janvier 1951).

1890 (20 avril) Naissance de Maurice LeNoblet-Duplessis.
1898 (automne) Le jeune Maurice Duplessis entre au Collège Notre-Dame de Côte-des-Neiges, chez les religieux de Sainte-Croix, pour y faire ses études primaires.
1902 Maurice L.-Duplessis entre au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières pour y faire son cours classique.
1904 (11 juillet) Son père, Nérée L.-Duplessis, devient maire de Trois-Rivières pour l'année 1904-1905.
1910 (septembre) Maurice Duplessis s'inscrit au cours de droit de l'Université Laval à Montréal.
1913 (14 septembre) Maurice Duplessis est admis au Barreau du Québec.
1921 Fondation de la CTCC (Confédération des travailleurs catholiques du Canada). Ce syndicat, prônant la nationalisation de l'électricité et l'étatisation ou la municipalisation des services publics, est soutenu par le clergé et une partie de la petite-bourgeoisie francophone, et est proche du gouvernement Duplessis à ses débuts. Mais il souhaite aussi un élargissement des pouvoirs du gouvernement fédéral, ce qui en fera un syndicat centralisateur incompatible avec le gouvernement de l'Union nationale.
1921 (25 février) Le gouvernement libéral fait adopter la Loi établissant la régie des alcools et crée une Commission des liqueurs.
1923 Auréa Cloutier devient secrétaire de Duplessis; elle le servira jusqu'à sa mort.
1923 (5 février) Élection provinciale: le candidat conservateur dans le comté de Trois-Rivières, Maurice Duplessis, est défait.
1924 (13 mars) Adoption de la Loi de l'école de papeterie. L'école sera ouverte à Trois-Rivières, dans l'édifice de l'École technique, rue Saint-François-Xavier. Plus tard, un nouvel édifice sera construit sur la rue Saint-Olivier. Deviendra le pavillon de la papeterie du CEGEP de Trois-Rivières.
1925 Adoption d'une loi provinciale créant les bureaux de placement.
Création de syndicats professionnels.
Adoption d'une loi provinciale sur les salaires "raisonnables".
1926 Adoption d'une loi fédérale sur les associations ouvrières.
1927 (16 mai) Maurice Duplessis est candidat du Parti conservateur dans le comté de Trois-Rivières; René Robert, propriétaire d'une boutique de chaussures, est directeur sa campagne électorale.
Maurice L.-Duplessis est élu député du comté de Trois-Rivières par 26 voix de majorité. Il sera député de Trois-Rivières durant 32 ans sans interruption.
1928 (5 décembre) On achève la construction, au 466 rue Bonaventure, de l'Imprimerie Saint-Joseph des Soeurs Missionnaires de l'Immaculée-Conception qui imprimera le journal diocésain Le Bien public.
L'édifice sera occupé, plus tard, par l'École normale Maurice-L.-Duplessis puis le Centre d'études universitaires.
1929 (24 octobre) Krach à la Bourse de New York (le "Jeudi noir" de Wall Street): début d'une crise économique mondiale. En 1932, on comptera 14 millions de chômeurs aux États-Unis seulement. La crise prendra fin avec l'économie de guerre.
1929 (13 novembre) Incendie du Séminaire Saint-Joseph ("séminaire à tourelles" de 1874), avec son musée et sa bibliothèque, où avait étudié Maurice Duplessis. Seuls le nouvel édifice de pierre, en
construction, et la chapelle de1903 sont épargnés.
1930 Marche à l'Oratoire Saint-Joseph pour combattre les effets de la crise économique, organisée par les syndicats catholiques.
1931 Adoption de la Loi de l'aide aux chômeurs.
1931 (août) Le Parti communiste du Canada est déclaré illégal en vertu de l'article 98 du Code criminel (cet article sera révoqué en 1935).
1931 Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières.
1932 Les syndicats catholiques demandent la réduction du temps de travail à 8 heures par jour, 6 jours par semaine, pour accroître le nombre d'emplois en cette période de crise économique et de chômage.
1932 (juillet) Fondation de la CCF (Cooperative Commonwealth Federation), à Calgary: elle propose la nationalisation des services publics, un code canadien du travail, l'assurance-chômage et l'assurance contre les accidents du travail, la maladie et la vieillesse.
1933 Un groupe de Jésuites de l'École sociale populaire de Montréal et quelques laïcs rédigent un "Programme de restauration sociale"
1933 (4 octobre) Congrès des conservateurs à Sherbrooke: Maurice Duplessis devient chef du Parti conservateurdu Québec.
1934 Le gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau fait adopter la Loi relative à l'extension juridique des conventions collectives, appelée la "Loi des décrets" ou, encore, "Loi Arcand", du nom du ministre du Travail du Québec, Charles Arcand.
1934 Duplessis plaide sa dernière cause à titre d'avocat.
1935 (2 mai) Le gouvernement Taschereau fait adopter la Loi pour promouvoir la colonisation et le retour à la terre.
1935 (30 mai) Première des Journées anticommunistes (jusqu'au 2 juin 1935), organisées à Trois-Rivières par le père oblat Rosario Leclerc.
1935 (7 novembre) Alliance du Parti conservateur (Maurice Duplessis) et de l'Action libérale nationale (Paul Gouin) pour faire front commun contre le Parti libéral (Louis-Alexandre Taschereau).
1935 (25 novembre) Élection provinciale: Duplessis est réélu député conservateur dans le comté de Trois-Rivières. Le Parti libéral est reporté au pouvoir avec une mince majorité de 6 sièges.

1936 Le Comité des comptes publics (comité parlementaire) tient ses séances: Duplessis démolit la crédibilité des libéraux qui dirigent la province depuis près de 40 ans.
1936 (11 juin) Dissolution de la Législature. Rupture de l'alliance du Parti conservateur et de l'Action libérale nationale; Maurice Duplessis prend la tête des conservateurs, des libéraux dissidents, des indépendants et des patriotes: fondation de l'Union nationale.
1936 (17 août) Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières et l'Union nationale (76
députés) remporte une victoire écrasante contre le Parti libéral (14 députés). À l'âge de 46 ans,Duplessis devient premier ministre et procureur général du Québec le 26 août suivant.
1937 Duplessis est bâtonnier du Barreau de Trois-Rivières.
1937 (23 février) Duplessis cumule la fonction de ministre des Terres et Forêts jusqu'au 27 juillet 1938.
1937 Grands travaux de secours direct aux chômeurs. Mise sur pied du crédit agricole et début de l'électrification rurale.
1937 (2 août) Fondation de la Fédération catholique des travailleurs du textile. Grève générale des 10 000 travailleurs de la Dominion Textile à Montréal, de la Montreal Cotton à Valleyfield, et autres
travailleurs du textile à Sherbrooke, Magog, Drummondville et Saint-Grégoire-de-Montmorency, pour la signature d'un contrat collectif de travail. Le nouveau premier ministre, Maurice Duplesis, fait arrêter Raoul Trépanier, président du Conseil des métiers et du travail de Montréal, et Bernard Shane pour "conspiration séditieuse" (selon le gouvernement, les syndicats sont manipulés par les communistes). La grève durera jusqu'au 27 août.
1937 (automne) Le gouvernement Duplessis fait adopter la Loi du salaire raisonnable et crée l'Office des salaires raisonnables.
1937 Le gouvernement Duplessis, appuyé par la CTCC (Confédération des travailleurs catholiques du Canada) fait adopter la Loi du cadenas. Du 9 novembre 1937 au 10 mai 1938, la Police provinciale du Québec effectue 124 descentes en vertu de cette loi arbitraire qui sera jugée inconstitutionnelle 20 ans plus tard.
1937 Grèves dans les chantiers navals de la famille Simard à Sorel, dans l'industrie du vêtement pour dames, et dans les mines d'amiante de la compagnie Johns-Manville à Asbestos.
1937-1938 Duplessis est bâtonnier général du Québec.
1938 (3 février) 1300 chômeurs de la région travaillent à la construction des nouveaux édifices du parc de l'Exposition de Trois-Rivières.
1938 Le gouvernement Duplessis s'engage à doter la province de terrains de jeux pour "la jeunesse catholique".
1938 (7 juillet) Pour se débarrasser d'un de ses ministres qui refuse de démissionner (François J. Leduc, ministre de la Voirie), Duplessis remet la démission de son gouvernement au lieutenantgouverneur Ésioff-Léon Patenaude qui lui demande aussitôt de former un nouveau gouvernement. Duplessis cumule le poste de ministre de la Voirie, jusqu'au 30 novembre 1938.
1939 (mai) Visite du roi George VI et de la reine Elizabeth; le couple royal est accueilli à Trois-Rivières par Maurice Duplessis.
1939 (9 juillet) Inauguration d'un nouveau stade de base-ball dans le parc de l'Exposition de Trois-Rivières, par Maurice L.-Duplessis.
1939 (6 septembre) De jeunes Trifluviens signent une requête contre la conscription.
1939 (25 octobre) Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières mais l'Union nationale (16 députés) perd le pouvoir. Victoire du Parti libéral (70 sièges) d'Adélard Godbout. Duplessis devient chef de l'Opposition officielle le 8 novembre suivant.
1940 Adoption de la Loi de l'assurance-chômage par le Parlement canadien.
1940 (25 avril) Le Parlement de Québec adopte une loi accordant le droit de vote aux femmes; elles voteront pour la première fois aux élections provinciales d'août 1944.
1940 (18 juillet) Inauguration officielle du parc Saint-Philippe; il prendra le nom de parc Pie-XII en mars 1950.
1940 (septembre) Fondation du C.C.T. (Congrès canadien du travail).
1940 (6 octobre) Inauguration du "nouvel hôpital" Saint-Joseph (agrandissement), à l'angle des rues -Julie et Saint-Prosper.
1941 Grève à l'aluminerie d'Arvida; les nationalistes et Duplessis souhaitent que l'usine soit placée sous le contrôle de l'État.
1941 (février) La menace de la conscription influe considérablement sur le taux de nuptialité.
1941 (juin) Le gouvernement libéral de Mackenzie King met sur pied une Commission royale d'enquête sur les relations ouvrières.
1941 (octobre) Un décret (no 8253) du gouvernement fédéral ordonne le gel des prix et des salaires.
1942Grèves dans l'industrie du tabac à Montréal, dans l'industrie de la chaussure à Québec et dans les chantiers navals de Sorel, Lauzon et autres.
1942 Duplessis dénonce la participation du Canada à la guerre et plaide contre la conscription.
1942 (27 avril) Plébiscite canadien sur la conscription: oui, 63,7%; non, 36,3%.
1942 (23 juillet) Révocation de la Loi 80 qui empêchait le service militaire outre-mer.
1943 Grèves dans la fonction publique municipale de Montréal (policiers, pompiers, employés de l'hôtel de ville).
1943 Grève de 12 jours des travailleurs de l'Alcan à Shawinigan; grève de 10 jours des
travailleurs des papeteries Price Brothers à Jonquière, Kénogami et Riverbend (Alma).

1943 Le gouvernement libéral d'Adélard Godbout fait adopter la Loi concernant la fréquentation scolaire obligatoire jusqu'à l'âge de 14 ans (Loi 7 Geo. VI, ch. 13).
1943-1944 Trois grèves successives (mars 1943 à août 1944) dans les transports en commun de Montréal (Montreal Tramways Co.).
1943 (9 août) Élection fédérale complémentaire dans la circonscription de Montréal-Cartier: Fred Rose, candidat du Parti communiste du Canada, est élu député. Il sera réélu en 1945 et emprisonné en 1946.
1943 (25 août) Dépôt du rapport de la Commission royale d'enquête Prévost qui avait été mise sur pied par le gouvernement libéral Godbout.
1943 (20 octobre) L'épiscopat canadien met les fidèles en garde contre le péril communiste.
1944 (3 février) Le gouvernement Godbout fait adopter la Loi des relations ouvrières (pièce maîtresse du futur
Code du travail de 1964), inspirée de la loi Wagner aux États-Unis (1935) et du rapport Prévost.
1944 (février) Le gouvernement Godbout fait adopter la Loi des différends entre les services publics et leurs salariés.
1944 (17 février) Décret (CP 1003) du gouvernement King sur les relations ouvrières en temps de guerre.
1944 (30 août) Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières et l'Union nationale reprend le pouvoir avec 48 des 91 sièges (39% du vote populaire). Le Parti libéral récolte 37 sièges avec 40% du suffrage et le Bloc populaire 4 sièges avec 16% des votes. Duplessis redevient premier
ministre et procureur général du Québec. Il le restera jusqu'à sa mort en 1959. Gérald Martineau est trésorier de l'Union nationale.
1944 (17 septembre) Le 23e congrès de la CTCC (Confédération des travailleurs catholiques du Canada) se tient à Trois-Rivières.
1945 Fondation de la CIC (Corporation des instituteurs et institutrices catholiques de la province de Québec), qui deviendra plus tard la CEQ (Centrale de l'enseignement du Québec), présidée par Léo Guindon.
1945 (25 mai) Maurice Duplessis reçoit un doctorat honoris causa de l'Université de Montréal.
1946 Grève dans 5 filatures de Montréal et Valleyfield. Deux chefs syndicaux, Madeleine Parent et Kent Rowley, sont arrêtés et accusés de conspiration et de sédition.
1947 Grève dans les filatures de Louiseville (septembre), Montmorency, Magog, Sherbrooke et Drummondville (novembre).
1947 Intronisation de Mgr Georges-Léon Pelletier comme 6e évêque du diocèse de Trois-Rivières. Il succède à Mgr Maurice Roy qui a été nommé archevêque de Québec.
1948 (21 janvier) Le fleurdelisé devient le drapeau officiel du Québec, par décret du gouvernement Duplessis.
1948 (6 juin) Inauguration du pont Duplessis, entre Trois-Rivières et Cap-de-la-Madeleine. "Ce pont est aussi solide que le parti de l'Union nationale" dira le premier ministre Maurice Duplessis. Le pont
annonce la dissolution de l'Assemblée législative et la tenue d'une élection le 28 juillet suivant.
1948 (11 juin) Lettre de l'évêque, Mgr Georges-Léon Pelletier, au maire de Trois-Rivières, Arthur Rousseau, le félicitant de son attitude énergique contre "les mauvaises publications".
1948 (20 juin) Duplessis ouvre sa campagne électorale dans l'Aréna de Trois-Rivières. Plusieurs amis politiques lui font cortège: le trésorier provincial (Onésime Gagnon), le ministre de la Chasse et des Pêcheries (le docteur Camille Pouliot), le président du Conseil législatif du Québec (Alphonse Raymond), le leader du gouvernement au Conseil législatif (Édouard Asselin), le député de Champlain (Maurice Bellemare).
1948 (28 juillet) Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières et l'Union nationale est reportée au pouvoir avec 82 sièges. Avec le slogan "Duplessis donne à sa province!", Duplessis remporte un succès éclatant. C'est l'effondrement de l'opposition parlementaire. L'opposition extra-parlementaire se développe dans les milieux universitaires, intellectuels et syndicaux.
1948 (6 octobre) Maurice Duplessis reçoit un doctorat honoris causa de l'Université McGill.
1949 (13 février-1er juillet) Grève générale dans le secteur de l'amiante: 5000 mineurs à Thetford-Mines et Asbestos; le clergé et l'opinion publique appuient les travailleurs.
1949 (1er juillet) Excommunication des communistes, par décret de Rome.
1949 Lors d'une élection fédérale, le conservateur Léon Balcer est élu par 60 voix de majorité, grâce à l'appui discret du premier ministre.
1949 Création de la Conférence conjointe du travail pour lutter contre le gouvernement Duplessis.
1949 Grève des professeurs de la Commission des écoles catholiques de Montréal (C.É.C.M.).
1949 Adoption de la loi 60: arbitrage obligatoire pour le règlement des conflits impliquant policiers, pompiers, professeurs.
1949 L'École de papeterie deTrois-Rivières, l'une des écoles spécialisées qui relèvent du ministère du Bien-être social et de la Jeunesse, a la réputation d'être la plus complète et la meilleure au monde dans son domaine.
1950 Le président de la Commission des écoles catholiques des Trois-Rivières, Gaston Francoeur
reçoit un chèque de 180 000$ pour l'agrandissement de l'école Sainte-Marguerite et pour la construction de l'école Saint-Jean-Bosco dans la paroisse Saint-François-d'Assise. Il remercie: "Sans l'aide de Québec, la situation scolaire eût été très grave aux Trois-Rivières".

1950 (9 mars) Le Parlement de Québec adopte la Loi du drapeau officiel.
1950 (13 mars) Le parc Saint-Philippe, ouvert en juillet 1940, devient le parc Pie-XII.
1950 Lettre pastorale des évêques du Québec sur la question ouvrière; elle proclame la liberté d'association et de négociation.
1950 (4 mai) Le Syndicat professionnel des instituteurs catholiques de la Cité des Trois-Rivières remercie Duplessis d'être intervenu dans les négociations: "Nous vous savons gré, Monsieur le premier ministre, pour l'attention bienvaillante que vous apportez à l'œuvre de l'éducation dans notre province et spécialement pour les efforts que vous faites en vue d'améliorer le sort des instituteurs...".
1950 (29 juin) Circulaire communiquant un avertissement de Rome aux francs-maçons. Une mise en garde sera publiée à nouveau en février 1956. La franc-maçonnerie a toujours été perçue comme une menace par l'Église catholique.
1950 (juillet) Le premier ministre Maurice Duplessis lève la première pelletée de terre à l'emplacement de la nouvelle manufacture de la Canadian Westinghouse Co.: "C'est aujourd'hui la fête de l'entreprise privée, la fête du bon sens".
1950 (25 septembre) À Québec: conférence fédérale-provinciale sur un projet de nouvelle constitution canadienne.
1950 (4 octobre) Inauguration de l'agrandissement de l'hôpital Cooke.
1950 (21 décembre) L'évêque de Trois-Rivières, Mgr Georges-Léon Pelletier, à l'instar des autres évêques du Québec, dénonce la "propagande" des Témoins de Jéhovah. La mise en garde sera renouvelée le 28 novembre 1953.
1951 (31 janvier) Écroulement du pont Duplessis sur la rivière Saint-Maurice: 4 victimes. Maurice Duplessis s'empresse d'accuser les communistes de sabotage. Le pont avait été inauguré en juin 1948.
1951 Grève des employés de la compagnie Alcan à Shawinigan.
1951 Suite à une rencontre entre le premier ministre Duplessis et les commissaires de la Commission des écoles catholiques (C.É.C.) de Trois-Rivières, le surintendant de l'Instruction publique, Omer-Jules Désaulniers, annonce que le gouvernement Duplessis accorde deux généreuses subventions pour la reconstruction de l'école Sainte-Marie et l'agrandissement de l'école
Notre-Dame-de-la-Paix.
1951 (17 octobre) Inauguration de la nouvelle École de papeterie de Trois-Rivières, par le premier ministre Maurice Duplessis.
1951 (6 novembre) Inauguration officielle du colisée (avec glace artificielle), dans le parc de l'Exposition de -Rivières, plus de 12 ans après sa construction, par le premier ministre Maurice Duplessis et le maire J.-A. Mongrain.
1952 (10 mars) Grève à Louiseville; elle durera jusqu'au 9 février 1953.
1952 (19 mars) Grève à la Dominion Textile; elle durera jusqu'au 4 janvier 1953.
1952 (1er mai) Grève des employés du magasin à rayons Dupuis et Frères; elle durera jusqu'au 28 juillet.
1952 (15 juin) Le premier ministre Maurice Duplessis ouvre sa campagne électorale dans le colisée de Trois-Rivières. J.-A. Mongrain est candidat libéral contre Duplessis.
1952 (21 juin) En pleine campagne électorale, Maurice Duplessis reçoit un doctorat honoris causa de l'Université Laval pour ses actions dans la défense de la culture française.
1952 (16 juillet) Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières et l'Union nationale est reportée au pouvoir avec 68 sièges.
1952 (26 septembre) Ouverture du 5e congrès de la société Richelieu, tenu à Trois-Rivières durant 3 jours. Sont présents: 500 délégués de 52 clubs, le gouverneur-général du Canada, Vincent Massey, et le premier ministre Maurice Duplessis.
1952 (17 octobre) Inauguration de l'École de papeterie.
1952 (24 octobre) Ouverture du 1er congrès de la Fédération des instituteurs et institutrices catholiques du diocèse de Trois-Rivières, à l'auditorium de l'Académie de la Salle, rue Saint-Pierre.
1953 (12 février) Création par le gouvernement Duplessis de la Commission royale d'enquête sur les problèmes constitutionnels, présidée par le juge en chef de la Cour des sessions de la paix, Thomas Tremblay. La Commission déposera son rapport le 15 février 1956.
1953 (22 août) Grève dans les mines d'or de la Noranda Mines; elle durera jusqu'au 3 février 1954.
1953 Adoption de la loi 19 (anticommunisme dans les associations).
1954 Adoption de la loi 20 (contre la grève dans les services publics).
1954 (2 mai) Le premier ministre du Québec, Maurice L.-Duplessis, annonce l'établissement d'une clinique anticancéreuse à l'hôpital Saint-Joseph de Trois-Rivières.
1954 (9 septembre) Louis Saint-Laurent déclare que la province de Québec est "une province comme les autres".
1955 (27 mars) Le secrétaire de l'Action catholique nationale, Claude Ryan, prononce une conférence dans le cadre de la Journée liturgique pour les fidèles, organisée par le Centre d'action catholique de rois-Rivières.
1956 (2 février) Circulaire de l'évêque de Trois-Rivières mettant les fidèles en garde contre la Fraternité des Rose-Croix et autres sociétés maçonniques.
1956 (13 mai) Inauguration du pavillon Mgr-Saint-Arnaud dans le parc Pie-XII de Trois-Rivières, par le premier ministre Maurice Duplessis.
1956 (20 mai) Duplessis ouvre sa dernière campagne électorale, à Trois-Rivières comme d'habitude.
1956 (19 juin) La veille du scrutin, Duplessis tient sa dernière assemblée, encore à Trois-Rivières.
1956 (20 juin) Élection provinciale: Duplessis est réélu député de Trois-Rivières (pour la dernière fois) et nationale est reportée au pouvoir avec 73 sièges. Sortie de l'épiscopat au sujet du système électoral, du favoritisme et de la corruption. Dénonciations publiques des abbés Gérard Dion et Louis O'Neill dans un document intitulé L'immortalité politique du Québec.
1956 Fondation du C.T.C. (Congrès du travail du Canada).
1956 (18 septembre) Décès du sénateur libéral Adélard Godbout, ancien premier du Québec (1939-1944).
1956 (11 décembre) L'épiscopat du Québec dénonce les fléaux de l'alcoolisme et blâme la tolérance excessive dans l'application de la Loi des liqueurs.
1957 Fondation de la F.T.Q. (Fédération des travailleurs du Québec).
1957 (8 mars) La Cour suprême du Canada déclare inconstitutionnelle la Loi du cadenas adoptée par le gouvernement Duplessis 20 ans auparavant, en 1937.
1957 (11 mars) Grève des mineurs de la Gaspé Copper Mines Ltd à Murdochville, jusqu'au 18 septembre.
1957 (17 mai) Grève des 7 000 employés de la compagnie Alcan à Arvida, jusqu'au 18 septembre.
1957 (10 juin) Lors d'une élection fédérale, le candidat conservateur de Trois-Rivières, Léon Balcer reçoit à nouveau un coup de main de Duplessis, mais cette fois très ouvertement. Car l'Union nationale suite sur la fiche suivante) appuie officiellement le Parti conservateur qu'elle souhaite voir à la place du Parti libéral centralisateur de Louis S. Saint-Laurent. Le président du Conseil législatif, Jean-Louis
Baribeau, paraît sur la même tribune que John Diefenbaker venu appuyer Balcer à Trois-Rivières. Balcer est réélu.
1957 (21 juin) Le député conservateur de Trois-Rivières à la Chambre des Communes, Léon Balcer, entre dans le cabinet Diefenbaker à titre de solliciteur général du Canada.
1958 (2 mars) Causerie sur "le communisme", au poste de radio CKAC, par l'évêque de Trois-Rivières, Mgr Georges-Léon Pelletier.
1958 (2 mars) Maurice Duplessis reçoit un diplôme de membre honoraire de la Corporation des ingénieurs professionnels du Québec.
1958 (13 juin) Le Devoir publie un article sur le scandale du gaz naturel.
1958 Le gouvernement Duplessis accorde un "octroi spécial" de 40 000 $ à la Commission des écoles catholiques de Trois-Rivières pour l'aider à combler son déficit accumulé. Le surintendant de l'Instruction publique, Omer-Jules Desaulniers, annonce encore aux commissaires que le gouvernement leur accorde des octrois substantiels pour la construction d'une nouvelle école à Trois-Rivières, dans Saint-Jean-de-Brébeuf, ainsi que pour l'agrandissement de deux écoles: Chamberland, dans la paroisse Sainte-Marguerite, et l'école Saint-Sacrement. De plus, Maurice Duplessis annonce lui-même l'établissement d'une École normale de garçons qui ouvrira ses portes à Trois-Rivières en septembre 1959.
1958 (29 décembre) Grève des réalisateurs de Radio-Canada à Montréal, jusqu'en mars 1959.
1959 Duplessis annonce une subvention d'un demi-million de dollars au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières.
1959 (24 juin) Visite de la reine Elizabeth II à Trois-Rivières.
1959 (7 septembre) Décès à Sherfferville de Maurice L.-Duplessis, premier ministre du Québec, député de Trois-Rivières et chef de l'Union nationale, à l'âge de 69 ans et 4 mois.
1959 (10 septembre) Funérailles de Maurice L.-Duplessis, en la cathédrale L'Assomption de Trois-Rivières. Son corps est inhumé dans le cimetière Saint-Louis (boulevard des Forges, Trois-Rivières).
1959 (15 septembre) Ouverture de l'École normale Maurice-L.-Duplessis, au 466 rue Bonaventure, dirigée par l'abbé Louis Massicotte.
1960 (15 mars) La circonscription électorale provinciale du Saguenay est divisée en deux nouvelles circonscriptions: Hauterive et Duplessis.
1960 (22 juin) Élection provinciale: défaite de l'Union nationale dirigée par Antonio Barrette, ancien ministre du Travail, qui avait succédé à Paul Sauvé. Victoire du Parti libéral dirigé par Jean Lesage, ancien ministre fédéral.
1960 Fondation de la Société des amis de Maurice L. Duplessis, par le trésorier de l'Union nationale,
Gérald Martineau (cette société est administrée par la Fondation Desjardins depuis 1983).
1961 (5 septembre) Arrivée au Canada d'une statue de Maurice Duplessis. Le monument doit être érigé près des édifices parlementaires de Québec; il faudra attendre jusqu'en 1977.
1964 (7 septembre) Érection d'un monument à Maurice L.-Duplessis, près du manoir de Niverville à Trois-Rivières, par la Société des amis de Maurice L.-Duplessis.
1977 (9 septembre) Érection d'un monument à Maurice L.-Duplessis, près des édifices du Parlement à Québec.
1979 La Société des amis de Maurice L. Duplessis cède de nombreux objets historiques au Séminaire Saint-Joseph (Musée Pierre-Boucher).

- Denis MONIÈRE, Le développement des idéologies au Québec. Des origines à nos jours, Montréal, Éditions Québec/Amérique, 1977;

- Réjean PELLETIER, Partis politiques et société québécoise. De Duplessis à Bourassa, 1944-1970, Montréal, Québec-Amérique, 1989, 395 p.;

- Jean-Claude ROBERT, Du Canada français au Québec libre. Histoire d'un mouvement indépendantiste. (Paris), Flammarion, Collection "L'histoire vivante", 1975, chapitre IV: "Maurice Duplessis et le Québec, 1936-1959", p. 170-196;

- François ROY, Le crépuscule d'un rouge: J.-A. Tessier, maire de Trois-Rivières, et l'enquête Désy de 1920, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Trois-Rivières, 1989;

- J.-L. ROY, La marche des Québécois. Le temps des ruptures (1945-1960), Montréal, Leméac, 1976, 383 p.;

- Robert RUMILLY, Maurice Duplessis et son temps, 2 tomes, Montréal, Fides, 1973;

- Michel SARRA-BOURNET, L'affaire Roncarelli. Duplessis contre les témoins de Jéhovah, Québec, I.Q.R.C., coll. "Edmond-de-Nevers" no 5, 1986, 196 p.

- Bernard SAINT-AUBIN, Duplessis et son époque, Montréal, Les Éditions La Presse Ltée, 1979, 279 p.;

- SERVICE DES COMMUNICATIONS DE LA C.E.Q., Histoire du mouvement ouvrier au Québec: 1825-1976, 150 ans de luttes, co-édition CSN-CEQ, 1979, p. 81-143;

- Jean des TROIS RIVES, Maurice Duplessis, s.l., Éditions du Château, s.d., 126 p.;

- UNION NATIONALE, Le catéchisme des électeurs, Montréal, J.-B. Thivierge & Fils Éditeurs, 1936, 161 p.Références bibliographiques concernant Duplessis, l'époque de Duplessis et le gouvernement de l'Union nationale:

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- Conrad BLACK, Duplessis, Montréal, Éditions de l'Homme, 1977, 2 vol.;

- Gérard BOISMENU, "Politique économique au niveau provincial: le duplessisme", dans Le Québec en textes, p. 90-98;

- Gérard BOISMENU, Le duplessisme. Politique économique et rapports de force,1944-1960, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1981;

- Paul-Émile BORDUAS, Refus global (et) Projections libérantes, Éditions Parti pris, 1997;

- Gilles BOURQUE, Jules DUCHASTEL et Jacques BEAUCHEMIN, La société libérale duplessiste, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1994, 435 p.;

- Marcelle CINQ-MARS et Denis VAUGEOIS, "Connaissez-vous bien... Maurice Duplessis (1890-1959) et son temps?" dans Le Devoir, 11 août 1998, p. A12 et B1;

- COLLECTIF, Une certaine révolution tranquille, La Presse Ltée, 1975;

- Richard DESROSIERS et Denis HÉROUX, Le travailleur québécois et le syndicalisme, Montréal, Presses de l'Université du Québec, 1973, p. 146-152;

- René DUROCHER, "Le long règne de Duplessis: un essai d'explication", dans Revue d'histoire de l'Amérique française, 25, 3, décembre 1971, p. 392-396;

- Alain-G. GAGNON et Michel SARRA-BOURNET (dir.), Duplessis: entre la Grande Noirceur et la société libérale, Montréal, Éditions Québec-Amérique, 1997, 396 p.;

- Richard JONES, Duplessis et le gouvernement de l'Union nationale, Ottawa, Société d'histoire du Canada, 1993, brochure 35, 24 p.;

- David KAREL, La collection Duplessis, Musée du Québec, coll. "Le Musée du Québec en images", 4, 1991, 66 p.;

(

CollectionEncyclopédie Trifluviana
Source- Denis MONIÈRE, Le développement des idéologies au Québec. Des origines à nos jours, Montréal, Éditions Québec/Amérique, 1977; - Réjean PELLETIER, Partis politiques et société québécoise. De Duplessis à Bourassa, 1944-1970, Montréal, Québec-Amérique, 1989, 395 p.; - Jean-Claude ROBERT, Du Canada français au Québec libre. Histoire d'un mouvement indépendantiste. (Paris), Flammarion, Collection "L'histoire vivante", 1975, chapitre IV: "Maurice Duplessis et le Québec, 1936-1959", p. 170-196; - François ROY, Le crépuscule d'un rouge: J.-A. Tessier, maire de Trois-Rivières, et l'enquête Désy de 1920, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Trois-Rivières, 1989; - J.-L. ROY, La marche des Québécois. Le temps des ruptures (1945-1960), Montréal, Leméac, 1976, 383 p.; - Robert RUMILLY, Maurice Duplessis et son temps, 2 tomes, Montréal, Fides, 1973; - Michel SARRA-BOURNET, L'affaire Roncarelli. Duplessis contre les témoins de Jéhovah, Québec, I.Q.R.C., coll. "Edmond-de-Nevers" no 5, 1986, 196 p. - Bernard SAINT-AUBIN, Duplessis et son époque, Montréal, Les Éditions La Presse Ltée, 1979, 279 p.; - SERVICE DES COMMUNICATIONS DE LA C.E.Q., Histoire du mouvement ouvrier au Québec: 1825-1976, 150 ans de luttes, co-édition CSN-CEQ, 1979, p. 81-143; - Jean des TROIS RIVES, Maurice Duplessis, s.l., Éditions du Château, s.d., 126 p.; - UNION NATIONALE, Le catéchisme des électeurs, Montréal, J.-B. Thivierge & Fils Éditeurs, 1936, 161 p.Références bibliographiques concernant Duplessis, l'époque de Duplessis et le gouvernement de l'Union nationale: - Antonio BARRETTE, Mémoires, Montréal, Librairie Beauchemin, 1966, 448 p.; - Conrad BLACK, Duplessis, Montréal, Éditions de l'Homme, 1977, 2 vol.; - Gérard BOISMENU, "Politique économique au niveau provincial: le duplessisme", dans Le Québec en textes, p. 90-98; - Gérard BOISMENU, Le duplessisme. Politique économique et rapports de force,1944-1960, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1981; - Paul-Émile BORDUAS, Refus global (et) Projections libérantes, Éditions Parti pris, 1997; - Gilles BOURQUE, Jules DUCHASTEL et Jacques BEAUCHEMIN, La société libérale duplessiste, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1994, 435 p.; - Marcelle CINQ-MARS et Denis VAUGEOIS, "Connaissez-vous bien... Maurice Duplessis (1890-1959) et son temps?" dans Le Devoir, 11 août 1998, p. A12 et B1; - COLLECTIF, Une certaine révolution tranquille, La Presse Ltée, 1975; - Richard DESROSIERS et Denis HÉROUX, Le travailleur québécois et le syndicalisme, Montréal, Presses de l'Université du Québec, 1973, p. 146-152; - René DUROCHER, "Le long règne de Duplessis: un essai d'explication", dans Revue d'histoire de l'Amérique française, 25, 3, décembre 1971, p. 392-396; - Alain-G. GAGNON et Michel SARRA-BOURNET (dir.), Duplessis: entre la Grande Noirceur et la société libérale, Montréal, Éditions Québec-Amérique, 1997, 396 p.; - Richard JONES, Duplessis et le gouvernement de l'Union nationale, Ottawa, Société d'histoire du Canada, 1993, brochure 35, 24 p.; - David KAREL, La collection Duplessis, Musée du Québec, coll. "Le Musée du Québec en images", 4, 1991, 66 p.;

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